Nouveau phénomène en provenance des îles Britanniques, The Answer se voit précédé d’une réputation élogieuse de la part de la presse d’outre-manche, allant même jusqu’à les qualifier de « sauveurs du rock britannique » ou de « meilleur groupe britannique des 10 dernières années ». C’est pourtant avec toutes les réserves d’usage que nous avons abordé l’écoute de « Rise », premier opus du quatuor Nord-Irlandais, ayant déjà eu, à de multiples reprises, à faire face à un enthousiasme souvent plus justifié par une fierté nationale que par une réelle qualité artistique.
Pourtant, il semblerait bien que cette fois-ci, les journalistes Anglais et Irlandais ne se soient pas trompés. Il est vrai que The Answer ne réinvente pas le Hard-Rock, mais il vient dépoussiérer sa partie la plus « classic » avec classe et enthousiasme. Il est clair que les influences sont très marquées et que les ombres de Led Zeppelin (« No Question Asked ») et des Black Crowes planent avec insistance sur la musique de Neeson & Cie, mais le jeune quatuor réussit tout de même en balayer toutes les réserves grâce à une conviction sans faille, une production roots dans l’âme doublée d’un son moderne, des compositions en béton armé, et une qualité instrumentale de haute volée.
Les 11 titres de « Rise » s’appuient sur une section rythmique à la puissance dévastatrice (« Under The Sky », « Come Follow Me ») et à la précision diabolique (« No Question Asked »). La voix de Cormac Neeson vient alors se poser sur ce matelas à la fois confortable et dynamique avec des intonations penchant aussi bien vers Robert Plant que Chris Robinson, bien qu’ayant une identité propre. Enfin, le tout est emballé par les guitares de Paul Mahon, véritable révélation, aussi bien capable de dégainer des riffs catchy (« Never Too Late »), que du bon gros blues (« Memphis Water ») ou des mélodies plus sirupeuses (« Be What You Want » ou « Always On My Mind »), sans oublier quelques lignes de slide (« Preachin’ »).
Les compositions sont variées et le mid-tempo très road-trip-song de « Be What You Want » arrive juste à temps pour ne pas laisser s’installer la pointe de lassitude qui pouvait commencer à voir le jour après 3 premiers titres de qualité, mais dont l’enchaînement nécessitait une pause pour reprendre son souffle. Aucun morceau ne tombe dans le simplisme et les variations de tempo sont courantes, sans pour autant tomber dans du progressif. La structure d’un titre comme « Leavin’ Today » en est un parfait exemple, même si ce dernier a du mal à se détacher de ses influences récupérées du côté des Black Crowes. Influences qui se retrouvent également sur plusieurs titres dont le superbe « Preachin’ » où la slide de Mahon et les chœurs gospel nous renvoient à l’époque bénie du « The Southern Harmony And Musical Companion » de la Robinson’s connexion.
Et c’est là que nous trouverons le principal reproche à faire à cette première œuvre pourtant fort réussie. En effet, les jeunes Irlandais gagneraient probablement à s’éloigner un peu de leurs principales influences et affirmer un peu plus d’identité. Il n’empêche que The Answer s'impose, non pas comme un tribute-band de luxe, mais comme un combo qui cherche à marcher avec passion dans les pas de ses glorieux aînés, et le fait particulièrement bien.