On connaissait Christian Décamps musicien au sein de son groupe (plus que) culte Ange. On le connaissait écrivain et/ou poète au travers de différents recueils publiés en parallèle à sa carrière musicale. On le connaissait également en solo (tout seul donc), ou en duo (avec son fiston) pour des prestations sur les frontières de la poésie et de la musique. Le bonhomme a également tâté récemment du cinéma, et peut-être également d'autres domaines artistiques : après 40 années de carrière, difficile d'égrainer toutes les ficelles de ce touche-à-tout génial. Mais là, en prenant connaissance des quelques (rares) notes relatives à son dernier album en solitaire, je dois avouer que je suis quelque peu tombé à la renverse, le Père de tous les Anges se présentant à nous en tant que … musicothérapeute !!!
Qui dit thérapeute implique nécessairement maladie à soigner… Et à l'écoute de ce Psychédélice, il semblerait que notre médecin préféré cherche à nous guérir du stress, et à nous recentrer sur l'un des fils conducteurs de sa vie (et peut-être bien le principal d'ailleurs – Christian, si tu me lis, je veux bien en avoir confirmation), l'AMOUR ! 10 plages et 50 minutes pour tester le remède, avec une seule intervention vocale de l'artiste (dans Posologie de l'Amour), le reste étant du seul ressort de ses synthès, avec toutefois l'intervention d'une "vraie" trompette. La liste des titres laisse à supposer que notre aventure se déroule sur une journée complète (nuit comprise bien entendu), et je dois avouer que la musique, bien qu'instrumentale, évoque naturellement les titres associés à chaque plage.
Ces (longs) préliminaires étant désormais passés, reste à s'intéresser à l'essentiel, je veux parler bien entendu de la musique.
L'ambiance générale est plutôt relaxante avec peu de sonorités agressives, des thèmes répétés en boucle qui s'enrichissent au fur et à mesure de nouvelles fioritures. Si nous sommes bien loin du rock inspiré d'Ange, quelques passages rappelleront à l'auditeur attentif la tonalité des albums de la deuxième époque du groupe, et on en viendrait presque à regretter l'absence d'autres instruments et de la voix du père. Sans verser dans le new-age lénifiant, on peut entrevoir un rapprochement quant à la structure des compositions, ces dernières étant ici toutefois marquées de sonorités et rythmiques jazzy, swingantes en diable (Petit Déjeuner Compris) ou franchement baroques.
Tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes... Oublions les travaux précédents de Christian Décamps, et laissons-nous enivrer par ces mélopées voluptueuses qui ne demandent qu'à accompagner un bel après-midi d'été, allongé dans un transat et approvisionné en liquide rafraîchissant. Malheureusement, au bout de quelques minutes, les sonorités des synthés employés pour apporter jusqu'à nos oreilles ces divines pilules finissent par sonner plus que fades : je peine à croire qu'en 2009, notre artiste n'arrive pas à nous délivrer des sons un peu plus modernes que ceux des premières interfaces midi des années 80 ! La comparaison est peut-être un peu sévère vis-à-vis de la quantité de travail effectuée sur cet album, mais elle est à la hauteur de la déception engendrée par son écoute répétée : l'effet musical est complètement gâché par ce parti-pris. Et c'est bien dommage car des titres comme Sieste – Energies ou encore Rencontres sont de franches réussites.
Alors que penser de l'ordonnance du docteur Décamps ? Le remède est-il efficace contre les maux visés ? Si je ne suis pas certain d'avoir eu envie de faire l'amour après l'écoute de ce Psychédélice, nul doute que son effet déstressant s'avère plutôt intéressant. Malheureusement, un désagréable effet secondaire a quelque peu gâché les vertus de cette thérapie. Dommage...