J'ai découvert, il y a quelques mois, Anima Mundi avec cet album sorti en 2008 et que j'avais beaucoup apprécié. Aussi, lorsque la mission de le chroniquer m'échut en ce début du mois d'avril, je me replongeais avec délectation dans l'écoute de Jagannath Orbit. En recherchant les informations concernant ce groupe cubain, j'ai vu qu'il proposait son précédent album (Septentrion) en libre téléchargement et je recommande aux amateurs de belles mélodies de se jeter dessus ! Mais pour le moment revenons sur "l'orbite de Jagannath" qui, comme chacun le sait, est un dieu important de l'hindouisme.
L'album débute directement sur une longue pièce (il y en a 3 entre 11'43 et 17'43 de durée), la plus longue même. Un "We are the light" qui pourrait, par rapprochement de titres, faire penser au grand Yes et son "Nous sommes du soleil" ("Ritual") et qui, après écoute, confirme la filiation ou, pour le moins, l'influence. Mais je vous rassure tout de suite, Anima Mundi ne joue pas les Starcastle et propose des compositions qui ne font penser à Yes que par la construction très symphonique, avec de nombreux mouvements, des envolées virevoltantes de guitare et des vagabondages de claviers. La voix du chanteur qui s'exprime dans un anglais sans reproche est bien loin de celle de Ion Anderson (j'en vois à qui ça fait plaisir !). Après "The Awaken Dreamer In The Soul Garden Dreams The Flower Planets", court instrumental tout en claviers planants, on trouve un titre ("Toward The Adventure") chanté à deux voix qui débute et finit dans le registre guilleret propre aux oeuvres solaires de Yes mais qui présente en son milieu quelques modernismes Spock's Beardiens.
Il reste quatre titres à évoquer (deux courts et deux longs), et pour faire court je vais faire un paquet avec les deux plus brefs ("There's a Place not Faraway" et "Sanctuary") pour n'en dire que du bien, car s'ils ne sont pas des compositions majeures de l'album, ils ont chacun un charme particulier, le premier étant plutôt bucolique et le second plus rock, et leurs mélodies sont accrocheuses et ont vite fait de vous envahir la tête. Curieusement, "Jagannath Orbit" qui donne son nom à cet opus, est le titre qui me parle le moins. Sans doute est-ce du à l'ambiance plus aventureuse plus près de The Flower Kings ou Spock's Beard que de Yes ou Genesis. Et voilà !! j'ai lâché le nom de Genesis !!! Sans doute parce qu'ils ont été les précurseurs du prog à grandes envolées et à constructions complexes. De plus, la guitare de Roberto Diaz a parfois des accents hackettiens (et un phrasé howien). Et ce n'est pas l'excellent "Rhythm of the Spheres", morceau de roi de 16'28 en quatre actes, qui me démentira. La deuxième composition 'fleuve' de cet album est une perle où l'on retrouve tout le génie des auteurs, des interprètes et des influences. A signaler au passage l'excellence de la partie rythmique soutenue par deux batteurs (Ariel Valdès et Osvaldo Vieites) et un bassiste implacable (Yaroski Corredera).
Je ne peux que recommander aux amateurs des groupes cités en références et à tous les amoureux du rock progressif symphonique de se jeter sur ce Jagannath Orbit et de suivre de près la carrière de ce groupe cubain plus que prometteur.