Soundgeist est un groupe crétois qui a commencé sa jeune carrière en trio sous le nom Devil’s Interval. C’est en septembre 2007 que le groupe devint un quintet et qu’il sorti une démo intitulée The Fine Line Between, objet qui nous intéresse au premier chef dans cette chronique. Peu de référence à mettre au crédit de ce groupe, c’est donc une totale découverte que vous propose Music Waves.
Le site officiel fait état d’un groupe de Prog-Psy Métal. On ne sait toujours pas ce qu'est le Prog-Psy mais ce qui est sûr c’est qu’il vous faudra prévoir quelques séances chez le votre, qu'il soit lacanien ou freudien, après avoir entendu le chant de Dimitris Skourtis qui s’avère très fatiguant au bout de 47 minutes de musique.
« New Millenium Babylon » débute l’album avec ce qu’il faut de structures progressives et de claviers kitch. On regrette que la fibre musicale folklorique méditerranéenne ne soit pas assez exploitée comme elle avait pu l’être avec les tunisiens de Myriath. Le refrain est tout juste passable, en restant très immédiat. « Narrow » vient enfoncer le clou avec un refrain secondé par un clavier au son ridicule genre Grand Guignol du plus mauvais effet. Ce titre repasse en revue tous les poncifs du métal progressif sans sourciller ni ajouter sa petite contribution. L’introduction de « Death Kiss » est plus intéressante mais le chant de D.Skourtis vient gâcher le peu de plaisir à écouter la musique des crétois. Le morceau se poursuit avec quelques bonnes inspirations rythmiques et son solo final à la pédale Whammy. On ne fera pas la fine bouche concernant les sons de claviers d’un autre âge venant émailler le titre.
La « grosse » partie du disque se doit d’être « Insanity » avec ses deux parties et on doit bien avouer que ça débute plutôt bien avec un bon métal prog bien rôdé. Le chant de D.Skourtis commence se faire apprivoiser par nos pavillons et son gosier à la Lemmy Kilmister passe presque comme une lettre à la poste. Le solo de milieu de morceau est vraiment réussi avec succession de son crunch et de wah-wah des plus heureuses. La partie instrumentale se poursuit avec duels de guitare-clavier. Soundgeist relève le niveau général -bien bas jusque là- avec cette première partie de « Insanity » qui ne sera pas démenti par la deuxième partie. Bien que le choix du son de guitare du début entre un son clair enroué et un crunch qui bave ne soit pas très judicieux, les mélodies et un certain groove sont présents. A mi morceau, s’installe une partie assez calme entre un jazz fusion plutôt tranquille et une grille d’accords presque dansante. La mayonnaise prend rapidement et on se laisse emporter par le tempo enlevé. Si vous faites l’impasse sur le clavier inopportun qui vient clore la séquence et la longueur peut être excessive de celle-ci, le bilan est largement positif pour cette deuxième partie. Et la ligne mélodique qui apparaît aux alentours de la dixième minute vient parfaitement appuyer ce jugement.
Avant dernier morceau, « Divine Light » débute comme une ballade avec pour la première fois un chant supportable de D.Skourtis qui ne force pas sur ses cordes vocales. Cette séquence sonne très Rush mais elle est malheureusement entrecoupée d’autres séquences plus brouillonnes et sans cohérence entre elles, ce qui gâche tout. Une ouverture plus enlevée avec du rythme et de l’inspiration prend le relais en fin de morceau. L’album se termine sur « New Millenium Babylon (Extended Version) » qui n’apporte rien à la première version.
En conclusion, ce Fine Line Between est fort contrasté et un constat s’impose : donnez leur un chanteur digne de ce nom et leur gloire est faite ! Dans cet excès d’optimisme veuillez ajouter des compositions de qualités - Soundgeist nous a prouvé qu’il en était capable avec « Insanity » - et une production qui évite l’écueil des sons de clavier insupportables et les choix douteux de sons de guitare. Au sein de la communauté mondiale des groupes de métal progressif, Soundgeist reste quand même bien au fond du panier. Gageons que les divers retours critiques sur cette démo permettront aux crétois de rectifier le tir rapidement. Nous sommes persuadés que ce groupe a du potentiel et qu’avec un peu de patience, celui-ci saura confirmer nos prévisions.