Les bassistes ne servent à rien ! Tous les musiciens le savent, sauf les bassistes bien sûr, mais personne n’osait encore le dire avant The Inspector Cluzo ! D’ailleurs histoire d’enfoncer le clou, le duo français guitare-batterie originaire de Bordeaux a décidé de nous proposer un rock résolument funky, rare style dans lequel la basse pouvait jusque là se targuer d’une certaine utilité. Puis pour bien convaincre les derniers esprits chagrins, le subtil « Fuck The Bass Player » vient mettre quelques mots sur ce constat !
Oooh mais non, ne partez pas amis de la 4 cordes ! Et pour vous rassurer, je me dois de vous signaler que sur le titre précité Norwood Fisher, bassiste de Fishbone vient prêter sa voix… Et son instrument : tout va bien vous voyez, même si les bassistes sont inutiles ils sont sympas ! Trêve de ségrégation, bien entendu nous aimons tous les instruments sur MusicWaves, et sans doute Cluzo aussi, quand bien même il parvient avec ses seules 4 mains à déclencher dans ce premier EP un déluge de notes et de talent bluffant.
S’il fallait parler des influences, on pourrait citer les Red Hot Chili Peppers des premiers albums pour le côté funk déjanté, Rage Against The Machine pour l’énergie et la rugosité de certains riffs, tels ceux de « Mad », AC/DC pour un aspect hard-bluesy jouissif et Fishbone bien entendu comme maître à penser d’un rock-fusion que viennent appuyer à de multiples reprises des cuivres, des orgues, ainsi que Angelo Moore et le déjà cité Norwood Fisher themselves !
Que dire alors de ce produit extra-terrestre ? D’abord qu’il est original, bien produit et terriblement accrocheur ! La fusion des genres ne sert en aucun cas ici à masquer des lacunes par superpositions : tout ce qui est fait est maîtrisé, parfaitement pensé et c’est bien là tout l’intérêt de ce bordel organisé ! Il n’y a qu’à jeter une oreille au démentiel « Yuppie Way Of Life Blues », qui sur un riff funk et des slides blues, vient faire éclater des phrasés mélodiques ou rappés, des refrains perchés délectables et des explosions métal jouissives ! Rien que ça !
Il faut dire que depuis l’ouverture éponyme « The Inspector Cluzo » au premier single « Mad », en passant par « Change 1 », on avait déjà eu en 3 titres l’éventail des possibilités infinies qu’offre le duo ! On aurait d’ailleurs bien tort de ne pas souligner l’étendu des capacités vocales d’un Laurent Lacrouts en état de grâce sur chacune de ses expérimentations, jusqu’à celle de la ballade « Change 2 », qui lorgnerait pour l’occasion du côté de Pearl Jam, en préservant une légèreté bienvenue. J’attribue en sus deux mentions spéciales « Asile Psychiatrique » à « Turtulututututu » et « US Food » !
Pour rendre à tout seigneur tout honneur, et parce que dans un duo on est toujours au moins deux, on se doit de souligner le formidable apport de Mathieu Jourdain qui, tant derrière ses fûts que derrière son micro de choriste, délivre une prestation à l’égale de son camarade de jeu. J’ai d’ailleurs déjà une furieuse envie d’aller voir le rendu de tout cela sur scène, tant on se demande comment, à moins d’être 10, ils pourront dépasser à ce point les limites sonores explosées sur ce rendu studio !
Coup d’essai, coup de maître, « The Inspector Cluzo » vient faire sa première perquisition sur nos platines avec un mandat délivré par les Dieux des « Good Vibrations » ! Laissez les vous embarquer au poste le temps d’un show. Assurément la prochaine fois vous leur ouvrirez la porte sans vous faire prier, même s’il y a fort à parier qu’ils la dynamiteront à nouveau, pour le fun, le funk et le rock’n’roll !