En 2003, David Coverdale décide de remonter Whitesnake pour une série de concerts célébrant les 25 ans du groupe. Mais ce qui devait n’être qu’une tournée exceptionnelle tourne vite à la reformation devant le succès populaire et le plaisir pris par l’équipe dans son ensemble. « Live… In The Still Of The Night » est le témoignage de cette tournée lors de son étape au Hammersmith Apollo (ex Odeon), légendaire salle londonienne où Whitesnake avait déjà gravé son non-moins légendaire « Live… In The Heart Of The City » en 1980. Si le serpent ne se mort pas la queue, la boucle semble, quant à elle, bouclée. En effet, ce DVD est la première offrande vidéo du gang de Coverdale, ce qui lui donnera également, n’en doutons pas, un caractère incontournable dans le futur.
D’autant que l’œuvre est une réussite dans son ensemble, même si nous reviendrons par la suite sur les quelques défauts qui l’empêche d’atteindre la perfection. Tout d’abord, le maître des lieux, David Coverdale, montre qu’il n’a rien perdu de son talent et affiche une forme insolente, aussi bien vocalement que physiquement. Le frontman joue à domicile et le public lui mange dans la main. Il multiplie les poses suggestives et les gestes évocateurs, allant même jusqu’à tenir quelques propos à l’humour sexiste. A une fan lui remettant des fleurs ainsi qu’un mot le remerciant pour son art, celui-ci réplique : « Thank you for your tits, a source of inspiration » (Merci pour vos seins, une source d’inspiration). Ca c’est rock’n’roll ! A ces côtés, la dream-team fait preuve d’un professionnalisme sans faille. Doug Aldrich (Lion, House Of Lords, Bad Moon Rising, Dio) multiplie les poses et les soli, même si certains de ces derniers ne dégoulinent pas du feeling de ses prédécesseurs, en particulier John Sykes (« Is This Love ? »). Bien que relégué au rôle de second guitariste, Reb Beach (Winger, Dokken, Alice Cooper) semble plus proche de l’esprit bluesy qui marque l’essentiel de la carrière du groupe. Ceci est particulièrement marquant sur un « Ain’t No Love In The Heart Of The City » où sa prestation domine celle de son compère. Ce titre est d’ailleurs l’occasion d’un grand moment de communion avec le public qui reprend la plupart des titres tout au long du concert.
Marco Mendoza (Blue Murder, Thin Lizzy, Ted Nugent) semble, quant à lui, particulièrement à son aise. Le bassiste assure également les chœurs, et partage le chant avec Coverdale sur un « Burn » introductif, véritable déluge musical, et au sein duquel se glisse un extrait de « Stormbringer ». Enfin, si Timothy Drury (Bryan Adams, The Eagles) reste relativement discret derrière ses claviers, Tommy Aldridge (Ozzy Osbourne, Gary Moore) est particulièrement déchaîné. Son solo, s’il est impressionnant techniquement, avec son final à mains nues, n’en est pas moins un peu long. Dans l’enchaînement, le batteur dénature un peu « Ain’t No Love In The Heart Of The City » avec une frappe lourde peu en rapport avec l’esprit blues-soul de ce titre.
La setlist est complète et couvre l’intégralité de la carrière du grand serpent blanc, et même un peu plus (« Burn » date de la présence de Coverdale au sein de Deep Purple). Et si le mou du genou « Restless Heart » est le seul album oublié, « 1987 » est quant à lui l’album le plus représenté (6 titres). Ce sont donc 16 classiques parfaitement interprétés qui viennent ravir nos yeux et nos oreilles. Mention spéciale à « Bad Boys » avec son duel de guitares, et au rappel composé d’un « Take Me With You » hyper tonique et d’un « Still Of The Night » imparable.
Voici donc un objet incontournable pour tous les amateurs de David Coverdale, même si nous regretterons des bonus réduits à un simple documentaire d’une quinzaine de minutes. Ce dernier nous fait suivre la journée du concert agrémentée de quelques interviews, et nous permet d’apercevoir quelques célébrités backstage (Brian Johnson, Jimmy Page,…). Voilà qui est sympathique, mais qui paraît bien insuffisant pour une parution de cette importance. Enfin, nous signalerons une édition limitée dotée d’un CD reprenant 10 titres dans un ordre différent du DVD et pourtant tirés du même concert.