La musique est un langage universel, capable de fédérer des gens d'horizons géographiques différents… Preuve en est une nouvelle fois avec Deleyaman, groupe fondé par un américano-arménien, Aret Madilian, rejoint par une française, un suédois et un dernier membre se définissant comme un citoyen du monde. Tout ce joli monde est désormais basé en Normandie, et nous propose son quatrième album, au titre reprenant la chronologie initiée par ses prédécesseurs, mais laissant augurer d'une rupture prochaine dans la numérotation avec une probable part two.
Passées ses considérations philosophiques, place maintenant à la musique … Qui dès les premières mesures de Book of Change déploie une beauté majestueuse. Sur un rythme de mélopée légèrement syncopée, bien tenu par des percussions au son clair, la voix pure et suave de Béatrice Valantin vient se poser, sobrement soutenue par des envolées discrètes de piano, tandis que le doudouk vient donner un côté new-age apaisant. Et puis s'annonce Stay On, et là, pas de doute, les amateurs de Dead Can Dance se retrouvent en terrain balisé, et ce d'autant plus que le timbre de voix chaleureux et grave d'Aret Madilian reproduit de manière troublante celui de Brendan Perry. Et s'il fallait encore s'en convaincre, il suffit de prêter une oreille attentive à Jardin. Pourtant, loin de se contenter de copier cette illustre référence, le groupe y ajoute une touche personnelle de sérénité, là où le duo australo-britannique se complaisait parfois à instaurer des ambiances plus instables. Néanmoins, la touche mystique est également présente, notamment dans Aravod Luys, Be Still, Temples qui rappelle une nouvelle fois les travaux de Lisa Gerrard, avec des harmonies vocales somptueuses et un final symphonique tout en retenue.
Capable aussi de marier avec bonheur les sonorités new-age avec des touches ethniques révélant les origines des membre du groupe, Deleyaman sait également surprendre, avec le seul titre chanté en français (mais libellé en arménien !), Arev Tibav, chanson intimiste durant 3 minutes avant une explosion (mesurée tout de même !) finale plutôt électrique. Et pour le plaisir, 52.50 vient parachever cette œuvre superbe, avec quelques parties de cloches (non je n'ai pas dit tubulaires) qui finissent de donner une vraie personnalité au groupe. Les deux bonus track qui clôturent l'album permettent un retour tranquille sur le plancher des vaches, avec notamment un nouveau passage de guitare orientalisante, sonnant la fin d'un voyage à la fois tranquille et étourdissant dans un univers musical empli de sérénité.
Si vous aimez Dead Can Dance ou encore Art of Infinity, récemment chroniqué dans nos colonnes, si pour vous la musique est source de détente et d'évasion dans des mondes multi-culturels, si vos oreilles sont suffisamment ouvertes et réceptrices aux musiques tout en nuances, alors précipitez-vous sur ce Fourth, Part One. Quant à moi, je cours de ce pas prendre connaissance des trois albums précédents de Deleyaman.