Pascal Mulot est peut être le bassiste français le plus reconnu nationalement comme à l’étranger. Ce spécialiste du slapping a notamment faire ronfler sa basse pour Patrick Rondat et récemment chez Triple Fx avec son pote Pascal Vigné. Ce Tsar Bomba est le quatrième album solo de Mulot, dix ans après Can You Hear Me, Jay?. Pour accompagner Pascal on retrouve son compère Pascal (Vigné) sur la quasi-totalité des titres ainsi que le batteur de Triple Fx Gaël Féret. Devant la recrudescence des albums de guitare instrumentaux, un CD dédié à la quatre cordes est plutôt digne de considérations. Voyons si l’originalité et l’intérêt vont au-delà de ce seul fait.
Les premières impressions, quand débute «On the Way to Akaba », sont positives. La basse imprime une ambiance presque mystique avec mélodie et harmoniques claquantes. Les réminiscences d’un certain Regency achèvent de nous faire adhérer au morceau même si le son de batterie n’est pas exceptionnel. On regrette que ce titre n’eu pas été plus exploité car la frustration est grande quand la dernière seconde retentit.
Les deux morceaux qui suivent recoupent les mêmes défauts, à savoir une introduction assez confuse dans laquelle chaque musicien part de son côté et une rupture trop brutale ouvrant sur une plage atmosphérique qui n’a pas vraiment d’intérêt ni de rapport avec la séquence qui la précède. Le plus gros reproche à faire à ces deux titres est le manque de direction mélodique claire. Et malheureusement, cette tendance va émailler le restant de l’album malgré quelques touches mélodiques très réjouissantes comme la mélodie à la basse de « Enemy Mine » et de « A Purple Sea » ou le riff dévastateur à la fin de « Samourai ». Même la fine pièce à deux basses « Long Branch New Jersey » souffre de longueurs malgré la quiétude qu’elle dégage.
En résumé, un cruel manque de finition se fait ressentir sur ce Tsar Bomba qui côtoie le bon et l’anecdotique, le groove et l’évanescent. Les amateurs de basse seront bien évidemment aux anges, pour peu qu’ils soient équipés d’un casque audio de bonne facture pour ne rater aucune des subtilités du jeu de Pascal Mulot. Mais si ce dernier réunit avec talent le phrasé de Randy Coven, l‘énergie de Billy Sheehan et le toucher de Jaco Pastorius, il a sans doute péché dans sa volonté de marier la technique, le groove, l’ambiance et l’énergie dans une tentative de métal progressif instrumental ambitieux. Espérons que Pascal Mulot n’attende pas dix ans pour faire oublier les regrettables impressions de ce disque.