Drakkar Records, label allemand de Nightwish (période Ocean Born), de Lordi, est aussi celui du thrash metal allemand puisqu’il a vu passer en ses rangs Sodom, Coroner et d’autres encore. On lui doit déjà quelques bonnes sorties en 2009, avec Akrea, et surtout Misery Speaks. Il nous propose aujourd’hui le deuxième album du groupe teuton, Grantig, qui comme Akrea à la particularité encore rare de s’exprimer dans la langue de Goethe.
Cette option linguistique offre à leur heavy metal tendance thrash un parfum original agréable, c’est un bon choix. Las, le chanteur à la voix rauque manque un peu de variété dans le phrasé, toujours lent, ce qui altère l’énergie de la musique et diminue l’envie d’écouter leur album d’une traite. Il m’a fallu de nombreuses écoutes pour en saisir toutes les nuances et en apprécier finalement la valeur. C’est donc du heavy-thrash, avec des passages doom (l’intro de « Dein Paradies », par exemple), et des pincées, de ci de là, de stoner, de sludge et même de grunge. Tout cela enfante des ambiances lourdes, mélancoliques, dépressives, mais presque toujours avec un groove réussi grâce à une ryhtmique sans faille. Le guitariste n’est pas en reste et sait distiller des riffs bien plombés, accompagnés de quelques soli tourbillonnants et relativement inspirés (« Zwiespalt »).
Si le chant vous sature un peu, faites comme moi, n’écoutez que quelques titres à la fois ! Et alors, vous découvrirez progressivement une belle variété musicale et même quelques petites tueries. Déjà, l’enchaînement « Medizin », « Dein Paradies » et « 24 jahre » vaut, après quelques écoutes, son pesant de cafards, mais d’autres sortent encore du lot. Par exemple, « 11 Minuten » qui alterne à la façon « grunge » passages acoustiques et violents avec beaucoup de conviction. Ou bien encore « Nur Fur Dich » métal thrash jusqu'au bout de l’onglet, au riff dévastateur et à la batterie bien furieuse. Tous les titres ne sont pas au niveau de ceux là, mais certaines constructions plus mélodieuses ou certains passages acoustiques permettent des respirations bienvenues comme sur « Du Bist Nicht Allein ».
Un mot sur les paroles, qui même sur papier seront incompréhensibles pour le plus grand nombre d’entre nous. Elles seraient apparemment au-dessus du niveau habituel, ne traitant pas, on s’en doute en écoutant leur musique, d’amour et d’eau fraîche. Ainsi, « 24 jahre » évoque le calvaire de cette petite Autrichienne séquestrée et violée pendant 24 ans par son père. Bon, j’avoue ne pas avoir tenté de comprendre le texte de « Guten Appetit ».
Alors finalement, passé le double tranchant du chant, Grantig nous gratifie d’un album sympa si vous vous accrochez un peu, avec une personnalité indéniable, et qui doit quand même bien déménager en live!