Le deuxième album de Focus, sorti en 1972, est celui de la maturité. Après un "In And Out Of Focus" prometteur paru deux ans plus tôt, le groupe mené par Thijs van Leer propose un "Moving Waves" (ou "Focus 2") plus ambitieux et varié qui permettra aux hollandais de trouver leur propre style tout en acquérant une dimension internationale.
La production, relativement bonne, sert le remarquable travail d'interprétation du groupe. Ce disque montre une formation au sommet de son art. La guitare, tantôt agressive dans des riffs et soli accrocheurs très typés hard rock, sait laisser place à des arpèges subtiles. Puissante et rapide sans jamais pour autant entraver les mélodies, la batterie est d'une précision exemplaire. Les claviers, légers et fluides, souvent relayés au rang de nappes jouissent pourtant d'un toucher admirable. Enfin, la basse sait se faire discrète mais efficace, renforçant ainsi les performances de ses acolytes.
L'album est sans doute trop varié au niveau de ses compositions, et il en résulte un certain problème le cohérence. Le premier titre que l'on ne présente plus et qui a fait la fortune de nombreuses radio allie un hard rock incisif et accrocheur avec un yodel (ndr: technique de chant particulière) presque humoristique . Cependant, l'excellent "Hocus Pocus" n'a rien à voir avec le reste de la carrière du groupe.
Après cette entrée en matière énergique, les autres morceaux de la face A semblent présenter une certaine perte de vitesse. Plus orientés classique, très mélodiques et non moins structurés, les titres comme "Le Clochard" ou "Moving Waves" sont de brillantes illustrations d'un rock progressif inspiré et touchant. La première partie du disque s'achève ensuite dans un crescendo d'émotions par une ballade instrumentale poignante aux frontières du Jazz-Fusion.
En alternant des phases progressive entre les premiers Camel et ELP ("Eruption" oblige!) et des éléments Jazz fusion, classiques, parfois psychédéliques ou blues et même des chants grégoriens, Focus nous livre une pièce particulièrement aboutie. Et si certains problèmes de continuité se font sentir, notamment au niveau des reprises de thèmes, cet épic reste une pièce incontournable de la carrière du groupe.
Cet album n'est certes pas parfait, mais il présente l'avantage d'être inspiré et créatif. La qualité de ses compostions ravira sans nul doute les amateurs du genre symphonique, et particulièrement ceux désirant découvrir Focus.