Alors que nous pressentions un virage dans la carrière musicale de Chimaira avant la sortie de « Resurrection », cette dernière a belle et bien lieu mais pour la cinquième livraison des américains. Et pour son deuxième effort sous la bannière Nuclear Blast, le combo s’écarte des codes du genre metalcore qu’il a lui-même établi en compagnie d’un Shadow Falls, Trivium, Killswitch Engage, God Forbid ou encore Lamb of God…
Volonté affirmée de se démarquer d’une scène metalcore surpeuplée ou non, Chimaira a donc délaissé son metalcore survitaminé teinté de thrash pour un metal qui se rapprocherait d’un death mélodique mais pas de ceux énervés et survoltés. Dès lors, j’aurais pu vous dire qu’en ralentissant le rythme et en épurant son style avec la quasi-disparition de solo, Chimaira nous entraîne dans les méandres d’un death mélodique sombre aux riffs lourds et aux atmosphères inquiétantes. J’aurais aimé vous dire tout cela mais il n’en est rien ! Les dix titres qui composent « The Infection » sont relativement communs et flirtent même avec le poussif, comme c’est le cas avec l’interminable « Impending Doom » aux refrains trop convenus.
Dans ce contexte, les pires appréhensions étaient bien compréhensibles avant l’écoute du final instrumental de plus de quatorze minutes « The Heart of it All ». De là à penser qu’un morceau soporifique allait clôturer un album monotone, il n’y a qu’un pas que certains auront vite effectué… à tort ! Car, au contraire, « The Heart of it All » s’avère être la très bonne surprise de « The Infection », un titre à la limite du progressif foisonnant de changements de rythmes entraînants… De la même manière, Mark Hunter, indiscutablement le point fort du combo, surnagera de l’ensemble en nous gratifiant d’une prestation irréprochable en ajoutant notamment des growls death à son arc.
Au final, on ne pourra donc pas reprocher au groupe sa prise de risque, sa volonté de sortir des sentiers battus et d’étonner un public qui pourrait se lasser en sortant les mêmes albums. Avec « The Infection », si Chimaira risque de perdre une frange de fans attachée au metalcore survitaminé des précédents opus, il n’arrivera pas à compenser avec de nouveaux à l’ouïe alléchée. Pire, hasard du calendrier ou non, les précurseurs du metalcore se sont donnés rendez-vous pour confronter leurs nouveaux bébés à savoir « Earthblood » de God Forbid, le futur album éponyme de Killswitch Engage mais surtout « Wrath » de Lamb of God. Si on attend encore de savoir pour Killswitch Engage, ce qui est certain c’est que les dernières livraisons de God Forbid et Chimaira souffrent la comparaison avec le dernier monstrueux « Wrath » qui a sauvagement tout détruit sur son passage en ralliant à sa cause tous les suffrages.