Bien que sorti en ce début d’année, l’histoire de cet album date déjà de plusieurs années. C’est peut-être pour cette raison que l’écoute de ce dix titres aura pour certains un leger semblant de familiarité. En 2006, les ondes émettaient en effet une ballade rock intitulée « Rien ni personne » issue d’un premier cd deux titres enregistré avec « Passer Devant ». Se découvrait alors un chanteur au timbre racé, un guitariste talentueux, et un songwritting plutôt inspiré sans toutefois sortir des canons du genre. Trois ans et quelques nouvelles compositions plus tard sort cet éponyme mixé par Scott Greiner (Santana, The Melvins,...) dont la tache est de confirmer les impressions laissées par le premier single.
Nourri au rock seventies de Led Zeppelin, des Pink Floyd ou de The Who, Benjamin Holson fait le choix en tant que compositeur de s’orienter plutôt vers des lignes de guitares musclées accompagnées de plans de batteries puissants, accouchant d’un rock rentre-dedans à quelques encablures – selon les morceaux - de formations telles que les canadiens de Nickelback ou Noir Désir. Il s’attache également à intégrer parfois des rythmes plus funky (« Invocation »,…), façon southern (« Passer devant »), voire teintés d’éléments grunge ("Survole tout ça"), mais aussi et de façon quasi-systématique un solo bien trouvé confirmant une nouvelle fois les aptitudes de guitariste du français.
Par contre, la très courte durée de l'album (environ trente cinq minutes), même si elle évite toute sensation d'ennui ou de resucée et fait défiler les titres avec une rapidité surprenante, n'empêche pas cette impression que tout le potentiel d'Holson n'a pas été entièrement ou suffisamment libéré. La qualité n'étant pas en cause, une responsabilité devrait sans doute être cherchée dans cette volonté d'être concis dans les formats et d'avoir laissé de coté tout fioriture.
Côté parole, Benjamin se met en scène à travers des textes sombres, très terre à terre malgré un vocabulaire souvent imagé. A la manière d’un héros de roman noir, personnage urbain habitué aux errances et à la solitude, il décline les nuances de la mélancolie en se heurtant par contre parfois à quelques stéréotypes du genre.
Reste que cet éponyme fait figure de machine bien huilée et se veut donc un album accessible, déjà convaincant pour un premier, qui ne tombe pas dans un péché d'originalité excessive et qui devrait trouver un public tout acquis à sa cause.