Un changement dans la composition d’un groupe n’est jamais une chose facile, ni pour le groupe qui doit se reconstruire, ni pour les fans qui doivent s’y adapter et surtout l’accepter. Si changer de batteur voire même de guitariste n’est pas forcément préjudiciable, échanger de chanteur s’avère plus périlleux avec le risque de modifier l’identité vocale du groupe. Le départ de Anneke Van Giersbergen courant 2007 a en effet été très dur à surmonter pour le groupe et pour les fans, si habitués au timbre de voix hors norme de la hollandaise. Il aura fallu plus d’un an à la formation pour enfin trouver sa perle rare, en la personne de Silje Wergeland, ex Octavia Sperati. En outre, The Gathering a fait appel à deux invitées pour deux titres, Marcela Bovio (Stream Of Passion) et la néerlandaise Anne Van Den Hoogen.
Avec Silje, le groupe a clairement voulu minimiser les risques tant cette chanteuse se trouve être dans la droite lignée de Anneke. Sur certains passages, le mimétisme entre les deux en est même troublant. Musicalement, The Gathering n’a pas non plus cherché à modifier radicalement sa recette et a donc conservé pas mal de caractéristiques qui ont fait son succès dont notamment les atmosphères planantes. Tout juste pourra-t-on dire que "The West Pole" se montre plus rock que Home avec un aspect pop assez affirmé.
L’album débute sur un titre instrumental, « When trust becomes sound » qui semble préparer l’auditeur à l’arrivée du chant. Ce titre est une petite pépite superbement interprétée, très rock alternatif dans l’esprit, pouvant rappeler « Sonic Youth ». C’est avec le morceau suivant, « Treasure», que l’on découvre la très douce voix de Silje. Entre pop et rock, le titre est porté sur son début par une très belle ligne de basse accompagnant parfaitement le riff principal.
La suite de l’album confirme cette excellente impression avec un « All you are » efficace de par sa superbe introduction à la guitare et sa bonne ligne de clavier sur le refrain, suivi de la ballade atmosphérique « The West Pole » ultra planante, portée complètement par la voix de sa chanteuse et par la basse de Marjolein Kooijman, discrète mais très efficace tout au long du disque, puis d’un « No Bird Call » encore très calme et mélancolique à la conclusion symphonique donnant le frisson.
La deuxième partie du disque voit intervenir la première invitée, Anne van den Hoogen sur « Capital Of Nowhere ». Cette dernière avec son timbre à la Tori Amos propose une excellente prestation sur ce titre un peu plus rock. Avant l’arrivée de Marcela Bovio, la deuxième invitée, on trouve une aussi courte qu’émouvante ballade, mélangeant piano et vocaux de moins de 3 minutes. Si le titre est splendide, il se trouve bizarrement placé sur le disque et aurait peut être mieux fait d’être positionné en fin d’album. Avec « Pale Traces », c’est donc la talentueuse Marcela Bovio qui pose son chant sur une musique très atmosphérique et planante, pas loin de ce que le groupe proposait sur Souvenirs.
Le disque se termine alors par deux compositions de grandes qualités, notamment l’énergique « A Constant Run » qui présente la meilleure prestation vocale de Silje. La fin du titre, essentiellement instrumentale, est une totale réussite, très planante encore une fois, avec une ligne de clavier lumineuse.
The Gathering a donc réussi à survivre à sa chanteuse et propose encore une fois un album de grande qualité, parfait dosage entre toutes ses époques récentes. Si Silje semble s’être fait sa place dans le groupe avec aisance, il faudra juste lui laisser à l’avenir l’exclusivité du chant et ne plus trop faire appel à des invités. Le groupe n’a maintenant plus qu’à convaincre sur scène et leur avenir sera aussi radieux qu’il l’a été jusqu’à présent…