Dans beaucoup d'esprits, "Technical Ecstasy" marque le début du premier déclin de Black Sabbath qui aboutira par deux fois au départ d'Ozzy Osbourne. Après des albums plus expérimentaux, "Sabotage" était revenu à un son plus rock qui avait su contenter les fans. Avec ce nouvel opus, la position du groupe par rapport à ses influences Doom originelles est de nouveau ambiguë.
En effet, les expérimentations passées ont laissé des traces. Les synthétiseurs sont omniprésents sur l'album, moins démonstratifs et avec le soucis constant de l'arrangement opportun. La diversité s'invite aussi avec des morceaux plus légers, plus rock. Ainsi, après un titre d'ouverture très typique au refrain imparable ('Backstreet Kids'), l'auditeur peut entendre du jazz ('Rock & Roll Doctor'), de la folk ('It's Alright', chanté par Bill Ward), et des sonorités plus orchestrales sur 'She's Gone'.
L'ensemble sonne toujours Black Sabbath mais cette sensation vient surtout du son et de l'accordage particulier de Iommi, car les structures lentes et sombres du passé s'estompent encore un peu plus. Cependant, dans les détails, les compositions révèlent les éléments habituels avec des riffs puissants et inventifs et des soli percutants. Bill Ward et Geezer Butler apportent également toujours autant de groove avec un jeu qui empêche aux compositions d'être trop rigides.
L'ensemble sonne donc comme une parfaite synthèse du groupe. A aucun moment les musiciens ne donnent l'impression d'être bridés et les compositions s'expriment pleinement. Le coté grandiloquent de 'She's Gone' ou l'emphase du refrain de 'Gypsy' restent ainsi crédibles et même agréables.
Le seul reproche qui pourrait être fait à "Technical Ecstasy" est de ne pas proposer de véritable morceau marquant. Les éléments constitutifs de ceux-ci sont plus intéressants qu'ils ne le sont en eux même. Le tout est d'ailleurs très homogènes dans sa qualité, sans aucun temps faible, mais également aucun temps fort.
"Technical Ecstasy" s'écoute avec un grand plaisir et prouve encore une fois le talent d'une formation trop cantonnée à son rôle de précurseur du Metal. Black Sabbath propose ici un bon album de hard rock, bourré de choses intéressantes... Une fois de plus...