Anthropia est un produit 100% made in France qui propose avec "The Ereyn Chronicles Part I" son deuxième album. Bien ancré dans un Power Metal Symphonique à la limite du progressif, l'opus nous offre 10 morceaux à la durée oscillant de 6 à 10 minutes dont une ouverture et un court interlude.
Le symphonisme léger du titre d'ouverture bien respectueux des codes, les cordes douces et chaudes, râpeuses et menaçantes des guitares, les chœurs puissants et une narration en crescendo, tout est fait pour faire entrer l'auditeur de la meilleur des façons dans le concept de cet album hors norme. Les riffs sont incisifs, puissants et inspirés ; « Question Of Honor » nous terrasse de sa rythmique implacable, martelée par un batteur particulièrement inspiré et doué. Les breaks et changements de rythmes prennent déjà place, la basse venant ainsi chatouiller nos oreilles dans des parenthèses jouissives. L’exercice du premier solo est passé sans soucis, un crescendo classique venant se poser sur une avalanche de riffs toujours plus prenants.
« Lords Of A World » fait montre à nouveau d’une créativité absolue dans l’agencement de chaque détail. La voix d’Hugues, si elle manque d’un peu de coffre, ne s’en trouve pas pour autant dépourvue de qualité, misant sur une technique à toute épreuve, alternant le lyrisme et la narration, le chant léger et nerveux. Là encore les breaks improbables, dont un presque électro, se succèdent pour repartir sur des trames rythmiques tout bonnement exceptionnelles de maturité.
Signalons l’extraordinaire palette instrumentale déployée sur « Through The Sleeping Seamed », ménageant ses effets pour délivrer une partition parfaite ainsi que la maîtrise des atmosphères plus épurées sur « Forgotten », ou l’apport gracieux de la voix féminine présente sur « Lion-Snake » au milieu de la rage ambiante et palpable. On peut aussi souligner l’ahurissante maîtrise de la power ballade « Where The Secret Lies », ou le caractère surréaliste de l’interlude « The Walk Among The Ruins » digne d’un Tim Burton et mentionner enfin au tableau d’honneur les deux monuments que sont « In The Maze Of A Nightmare » et « The Desert Of Jewels », ce dernier étant tout bonnement impossible à passer sous silence par son gigantisme, son étendu infini d’ambiances, de styles, d’émotions.
Anthropia a une nouvelle fois frappé très fort en bousculant les codes du power metal symphonique. "The Ereyn Chronicles Part I" est un diamant brut qui demandera quelques efforts pour pouvoir être apprivoisé mais qui, une fois dompté, laissera l'auditeur pantois devant tant de maitrise et de réussite.