« Twenty », s’il a partagé l’opinion, a prouvé que nous n’avions pas affaire à un Lynyrd Skynyrd recyclé, mais bien à un nouveau Lynyrd Skynyrd. Le résultat donnait un excellent Southern Blues Rock ancré dans son époque, sans renier ses racines. Restait à savoir si cet album serait un simple coup médiatique pour lequel Rossington, Powel et Wilkeson s’était entouré d’un « Southern Rock All Star Band », ou si un véritable groupe allait prendre forme et donner une suite à la hauteur des espoirs que « Twenty » avait fait naître.
Avec « Edge Of Forever », Lynyrd Skynyrd continue à creuser le sillon entamé avec son précédent opus et le résultat est particulièrement convaincant, d’autant que l’ensemble paraît encore plus cohérent et compact. Kenny Arnoff a pris la suite d’Owen Halle derrière les fûts, mais Lynyrd Skynyrd sonne bien comme un groupe soudé et non comme une réunion de vedettes du style. Nous retrouvons l’esprit traditionnel sur des titres tels que « Mean Steets » avec son refrain accrocheur ou bien le Pub Blues Rock festif« Money Back Guarantee » avec son piano bastringue. La touche Medlocke est évidente sur l’efficace « Preacher Man » digne des titres les plus puissants de Blackfoot, alors que « Workin’ » et « Edge Of Forever » représentent la face Heavy Blues Rock du combo, déjà présente sur « Twenty ».
« Edge Of Forever » reste un album varié tout en étant cohérent, et si « Full Moon Night » dégage une ambiance lourde, « Gone Fishin’ », « FLA » ou « G.W.T.G.G. » apportent plus de fraîcheur et de bonne humeur à grands coups de duels guitaristiques et d’envolées de piano. Deux ballades viennent se glisser au milieu de l’ensemble dynamique proposé. « Tomorrow’s Goodbye » représente la facette la plus Country-Pop du genre et transpire l’émotion pure sur un thème écologiste, alors que « Rough Around The Edges » officie plus dans un registre power-ballade sur le sujet tout aussi émouvant de l’hommage au père disparu.
Lynyrd Skynyrd semble donc avoir parfaitement trouvé son équilibre entre ses incontournables origines et un son plus moderne. Les cavalcades de guitares sont toujours présentes et souvent accompagnées par un Billy Powell qui dégaine le piano bastringue avec efficacité. Quant à Johnny Van Zant, il réussit à s’affirmer tout en restant dans les pas de Ronnie, son glorieux aîné disparu, ce qui était un pari difficile à relever. « Edge Of Forever » ne fera sûrement pas changer d’avis les intégristes du “c’était mieux avant”, mais il apportera leur dose d’excellent Southern Blues Rock à la fois moderne et traditionnel aux amateurs du genre.