Alléluia ! THOR EXISTE ! Croyez-le ou non, jamais un 5/10 n’aura été acquis au prix de tant de souffrances, les leurs peut-être, mais les nôtres surtout. Cette note, Wizard la mérite plus que tout autre groupe auquel on la donna, ou la donnera, sous couvert d’une indécision molle du type : « mouais… bof » ! Car oui, le groupe n’avait, jusque-là, pas été moyen, pas même mauvais, Wizard avait été tout simplement inécoutable et le chemin parcouru n’en est que plus remarquable.
Pourtant, à l’écoute de l’introduction, nous pouvions craindre le pire en nous disant, d’ores et déjà, que ces 47 minutes allaient être passées à chercher les sons humainement supportables. En effet, notre quartette allemand nous a de nouveau infligé une entrée en matière narrative, comme il sait si mal les faire, pour nous raconter une histoire qu’il vaut mieux ne pas comprendre tant leur talent d’écrivains a déjà été souligné/barré dans la liste de leurs qualités…
Mais c’est bien connu : le pire n’est jamais là où on l’attend ! Résultat, Wizard se paye le luxe de nous envoyer un premier morceau speed, au refrain con comme la lune (c’est toujours du True Metal, le côté speed fait juste défiler les paroles plus vite !) mais imparable, et au solo efficace. Mieux, la production a pris un sacré coup de pied au derrière, et ne scie plus la branche fragile sur laquelle s’asseyait le groupe, en restant toutefois très perfectible.
La véritable surprise, le choc improbable, la Thor’s Touch est ailleurs : dans la voix de Sven D’Anna. Non, non, vous n’hallucinez pas, je parle bien de notre brebis égarée, à l’accent des alpages et à la tenue de note chevrotante ! Si notre homme a encore d’immenses progrès à faire en anglais, il peut néanmoins faire son entrée chez les chanteurs semi-professionnels, quittant ainsi la salle de bain dans laquelle il avait réalisé toutes ses prises jusqu’alors ! Et puisqu’un bonheur n’arrive jamais seul, en plus d’un peu de coffre et de régularité, Sven en a profité pour travailler ses aigus, faisant de « Head Of The Deceiver » un hymne tout à fait correct.
Bien sûr, même avec un miracle, à l’impossible nul n’est tenu, et notre ami continue à nous gratifier de quelques fausses notes, disséminées ça et là avec beaucoup de générosité. Qu’importe, la progression est déjà énorme pour quiconque aura posé ses oreilles sur les deux premières productions teutonnes.
Une fois passée une phase de stupéfaction, un doute nous assaille comme le reflux venant reprendre tout ce qu’une première vague a déposé : combien de temps cette métamorphose allait-t-elle durer ? C’est après « Collection Mind » qu’il faut chercher la réponse, le titre poursuivant sur la lancée de ses deux prédécesseurs. « Defenders Of Metal » ralentit un peu la cadence, tout en gardant une belle énergie, énergie qu’il use à vouloir s’étirer plus que son refrain ne lui permet, refrain tout à fait correct par ailleurs.
« Calm Of The Storm » et « The First One » perdent le potentiel hymnique des premiers titres en jouant la carte de la narration, atout que ne compte toujours pas Sven dans son jeu. « Demon Witches », « Iron War » et « Revenge » font repartir la double-pédale et la machine à riffs, pour un résultat correct sans plus. L’album se clôture alors sur un « True Metal » qui nous rappelle au mauvais souvenir des titres longs de Wizard. Là encore des progrès notables ont été faits : le refrain tient à peu près la route, les couplets sont débiles mais supportables et les riffs et la rythmique sont toujours très carrés… pendant 3 minutes... Après nous retombons dans le grand vide, le bruit, la nuisance sonore, le Wizard que l’on aime tant !
Les investigateurs du surnaturel peuvent venir, le miracle a bel et bien eu lieu ! Wizard reste un groupe de seconde zone, mais se met au moins à faire de la musique, ce qui paraissait très improbable jusque là. Tel le crapaud devenu prince, il reste à nos quatre Allemands à prouver qu’aux douze coups de minuit ils ne redeviendront pas de flasques et visqueuses créatures.