Tout commence en 1992. Chris Barnes, chanteur de Cannibal Corpse, et Allan West, guitariste d’Obituary, se rencontrent alors que leurs groupes respectifs sont engagés sur une tournée commune avec Malevolent Creation. Ils décident alors de former un side-project et s’attèlent à leurs premières compositions pendant l’hiver 1993. Alors que Barnes est en tournée avec Cannibal Corpse, West s’active pour compléter le line-up de ce groupe qui allait devenir Six Feet Under. Greg Gall et Terry Butler, ex-Death et ex-Massacre, sont respectivement recrutés à la batterie et à la basse. Et c’est avec Haunted, en 1995, son premier album, que commence l’aventure Six Feet Under (SFU).
SFU c’est un peu une marque de fabrique dans le death-métal. Dès son premier album le groupe va imposer sa griffe dont les principales caractéristiques sont à rechercher dans les qualités de ses géniteurs. D’abord, la voix particulière et naturellement grunt d’un Chris Barnes. Un chant qui, dans son style, sait magnifier un titre même moyen. Une voix qui s‘accorde parfaitement au contenu morbide des paroles. Ensuite, il y a le talent d'Allan West derrière toutes les compositions. Ce petit génie de la guitare, sans être un technicien émérite, a le don du riff simple imposant, quand il ne tue pas tout simplement. Comment ne pas succomber à des titres comme "Lycanthropie" ou "The Enemy Inside" les deux titres incontournables de "Haunted".
SFU c’est un death metal lourd, le plus souvent très mid-tempo. En dépit de quelques petits effets guitaristisques comme sur les titres "Still Alive" et "Haunted" Allan West ne s’embarrasse guère avec des soli de guitare. Le groupe ne s'ennuie pas également avec de trop fortes variations rythmiques, privilégiant le changement de rythme soigneusement dosé. Les compositions de la formation ont un côté hypnotique, voire même un côté morbidement apaisant. SFU c’est un peu la force tranquille du death-métal. Le groupe sait toutefois et quelquefois accélérer le rythme, histoire de nous sortir de notre léthargie contemplative. Un titre comme "Suffering In Ecstasy" tombe subitement et subtilement pour nous dérouiller à point nommé.
"Haunted", enregistré par l'incontournable Scott Burns au Morrison Studios de Tampa, temple du death métal floridien, bénéficie forcément d'un gros son. Voilà un premier très bon album d’un groupe au style particulier et qui sent très bon les marécages. On attend la suite avec impatience.