Avec son précèdent album, « Dance Of Death », Iron Maiden avait provoqué pas mal de polémiques parmi ses fans en proposant finalement son disque le plus controversé aux cotés de « No Prayer For The Dying ». Après un accueil plutôt chaleureux, le disque avait fini par trouver pas mal de détracteurs, notamment en raison de plusieurs titres moyens et d’un son qui manquait parfois un peu de pêche. C’est donc avec une certaine anxiété qu’était attendu ce 14ème album, en se demandant si Maiden était capable de rester au sommet de son art et même s’il pouvait faire oublier les quelques défauts de « Dance Of Death ».
Pourtant Maiden va réussir à sortir l’un de ses tout meilleurs disques depuis des années. A une seule exception, les 10 pistes ont été composées à plusieurs, preuve de la complicité existante entre les membres du groupe. Le résultat de ce travail donne un disque profond et équilibré, produit une fois de plus par Kévin Shirley, d’une tonalité assez sombre, le thème de la guerre et de la mort étant une fois de plus largement à l’honneur. Musicalement, le groupe exploite sa face progressive, la mêlant habilement à son Heavy Metal. Les râleurs pourront dire que le groupe a perdu sa rage d’entant, mais avec l’âge et les années, il est logique qu’Iron Maiden soit un peu plus posé. Le seul petit point négatif vient encore de la production, car même si le son rend bien justice à chaque membre du groupe, il est assez faible, ce qui est assez gênant pour un groupe de ce standing.
Hormis cela, c’est un sans faute que le groupe réalise avec « A Matter Of Life And Death ». Chaque titre mérite le détour et rien ne semble avoir été laissé au hasard ni fait trop rapidement dans cet édifice majestueux et très homogène. Comme d’habitude, le disque commence avec le titre qui va ouvrir les concerts. Assez court et bien Heavy, « Different World » s’inscrit dans une longue tradition allant de « Running Free » à « Wildest Dreams », en passant par « Aces High » ou « Moonchild ». L’album prend ensuite toute son envergure avec nombre de titres épiques, aux frontières du progressif. En effet, ce ne sont pas moins de 7 titres sur les 9 restants qui embrassent ce format, et ceci sans qu’aucun ne soit la copie d’un autre.
Nous trouvons deux titres épiques dans la grande tradition du groupe, avec « For The Greater Good Of God » et « The Longest Day ». Le premier, à la structure à tiroirs, est doté d’un refrain absolument imparable et très épique, et d’une partie instrumentale très variée, ainsi que de plusieurs soli de grande classe. Le second évoque le débarquement de Juin 44 en Normandie. L’impression de revivre cet événement se ressent dès le riff d’entrée avec une lente montée en puissance et surtout un refrain qui évoque l’avancée des soldats. Doté de longues pièces musicales où l’aspect progressif est largement exploité, ce titre pourra faire penser à « Brighter Than A Thousand Suns » ou à « 2 Minutes To Midnight ».
Le choix de « The Reincarnation Of Benjamin Breeg » comme single peut surprendre de prime abord, mais se comprend mieux tant il se bonifie et se redécouvre avec les écoutes. Assez lent et heavy dans son ensemble, il s’agit encore d’un titre assez complexe avec pas mal de changements de rythme et un aspect très mélancolique. Nous n’oublierons pas « These Colours Don’t Run », autre titre sur la guerre et sur la fidélité au drapeau, un peu plus heavy que les deux précédents mais également doté d’une structure assez complexe et d’une fin très prenante. Outre ces morceaux épiques, nous avons également affaire à deux titres plus courts : « The Pilgrim » et « Out Of The Shadow ». Ce dernier, proche de ce que Dickinson a pu faire en solo dans les années 90, est une belle power ballade qui rappellera un peu « Prodigal Son » ou « Wasting Love ». « The Pilgrim », titre efficace et très entraînant, retrouve quant à lui, quelques sonorités celtiques et même orientales.
Avec son 14ème album, Iron Maiden prouve donc qu’il peut encore progresser en proposant son meilleur disque depuis près de 20 ans. Ce faisant, il démontre également que le Heavy Metal classique a encore un avenir devant lui. Le succès de cet album et de la tournée qui va suivre vont largement le prouver tant ils vont ramener une nouvelle génération de fans au groupe et au genre.