Après avoir sorti un premier album sous le nom de Eye to Eye, One in Every Crowd, Eye 2 Eye nous revient avec un long opus nommé After All, non sans avoir changé de chanteur et de bassiste au passage. Ce groupe francilien dont les origines remontent à 1994 avec le groupe ADN dans lequel on retrouve le clavier Philippe BENABES et le batteur Didier PEGUES, a été créé en 2003.
Pour cet After all, exit donc Cécile CARRETERO, remplacée par Aymeric DELTEIL à la basse, alors que Benoit DERAT laisse la place à Jacques DALY au chant. Le style néo-prog pratiqué par le quintet ne change pas. Principales influences, avouées et perceptibles, Marillion et Pink Floyd. Ajoutons que le Rock Progressif des années 80 dans son ensemble sert de base d'inspiration à Eye 2 Eye.
Les 75 minutes de ce disque regorgent de mélodies que ne renieraient pas les plus grands. Ecoutez Hovering pour vous en convaincre, ou Wasted, ou encore A Celebration… bref, un grand nombre de titres. Ce qui risque par contre de vous choquer, c'est que certains passages vous feront remonter à la surface des thèmes que vous connaissez. Vous entendrez ainsi tout au long de ce After All des "allusions" à Atom Heart Mother, ou à Misplaced Childhood par exemple. Petite précision au crédit de Eye 2 Eye, c'est souvent réussi et ne fait en aucun cas pompage, plutôt hommage.
Une constante encore, intéressante, de l'ensemble ou presque de l'album, l'émotion. Visiblement, le sens de la mélodie est inné chez E2E, et les passages prenants sont légion. Impossible de passer notamment à côté du dernier morceau, After All, dont le passage instrumental médian, avec violon, vous donnera le frisson. Mais ce n'est pas le seul, loin de là. A peu près toutes les interventions d'Amirouche Ali Benali font mouche. Ce guitariste est tout simplement une révélation. Chaque solo est accrocheur, chaque note pleure. Il rappelle, qualitativement, Steve Rothery, de Marillion. Et comme son style va aussi parfois fureter du côté de chez David Gilmour, le Monsieur nous gâte.
Mais, me direz vous, nous tenons là une perle de Rock Progressif, et une formation française en plus ! Presque. Pourquoi presque ? Eh bien parce que le chant pêche, tout au long des 75 minutes, et gâche un peu la fête (c'est peu dire), parce que la batterie pourrait être un peu plus originale (Didier PEGUES n'est pas mauvais, attention, mais certaines de ses descentes de toms rappellent tellement les groupes de garages que c'en est lassant) et la production n'est pas à la hauteur de la musique (mais ça, c'est uniquement un problème de moyens).
Eye 2 Eye est un groupe qui mérite qu'on s'y arrête. Leur musique, attachante, est superbe et émotionnellement riche. Ne leur reste plus qu'à mettre les moyens pour passer le cap et devenir Le groupe français de Rock Progressif que personnellement j'attends depuis Arrakeen, et dont ils ont déjà le sens de la mélodie. Vivement le prochain album, en espérant qu'il ne faudra pas attendre trop longtemps.