A en croire la chronique de leur précédent effort qui a tout de même obtenu la note record de 9 sur 10, la musique de cette formation norvégienne ne semble pas du tout basée sur le même ingrédient que son homonyme culinaire, à savoir la soupe. Avant de passer à l’écoute de ce nouvel opus, Gazpacho semble en imposer : une appréciation dithyrambique donc de la part de notre TonyB à nous (à ne pas confondre avec TonyP, ils ne jouent pas de la même façon à la balle), la bienveillance d’une formation désormais connue et reconnue (Marillion) et une histoire conceptuelle alléchante basée sur le récit par Antoine de Saint-Exupery du crash de son avion dans le désert.
Le premier contact est des plus surprenants, particulièrement pour celui qui s’attend à retrouver les influences atmosphériques de "Night". Point de longs développements planants sur le morceau introductif « Desert Flight » mais un rock immédiat et énergique ressemblant étrangement à ce que peut faire « Muse ». Aussi bien au niveau du timbre que sur les lignes de son chant, Jan Home singe Matt Bellamy avec une facilité déconcertante.
Je rassure tout de suite les fans de ce groupe qui à la lecture des précédentes lignes ont commencé à se taillader les veines, le propos de Gazpacho revient à quelque chose de plus conventionnel dès le second titre. « The Walk part I» reprend les recettes qui ont fait de « Night » un succès. Le chant se fait plus doux, plus intime à la manière d’un Steve Hogarth, le tempo ralentit et le groupe nous emmène à partir de ce titre dans un voyage enivrant qui va durer un peu moins d’une heure.
C’est sans aucun complexe que Gazpacho construit brique après brique, ou plutôt mesure après mesure, son décor en mélangeant le rock et l'ambiant, en fusionnant inspirations occidentales et orientales, en mariant avec habileté les différents instruments, guitare, claviers, percussions dans un souci d’harmonie constant ou encore en sachant étonner (les chœurs énormes et graves de « Tick Tock Part I »).
Le très sérieux atout de ce groupe est de rendre palpable chaque atmosphère, par la musique évidemment, par le chant mais aussi par les textes. « The Walk Part I » nous fait ainsi sentir le sable sous les pieds et la brûlure du soleil, « Tick Tock Part I » nous entraîne dans une introspection et dans le doute, doutes qui se lèvent par intermittences dans « Tick Tock Part II » grâce à des refrains libérateurs mais qui perdureront jusqu’à la partie III dans laquelle la tension accumulée explosera dans un tourbillon sonore libérateur. Et c’est une « Winter is Never » qui achèvera ce périple dans une ambiance paradoxalement triste et poetique.
« Tick Tock » est une expérience que je conseillerai à tous les amateurs de sensations musicales fortes, à tous ceux qui aiment faire vagabonder leur imagination au gré des notes, des atmosphères et des paroles qui les accompagnent. Tentez l’aventure, vous ne serez pas déçus…