Grand nom du death métal mélodique actuel, Arch Enemy voit le jour en 1995 sous l’impulsion du guitariste Michael Amott. Ce dernier vient de quitter le légendaire Carcass, et fonde son propre groupe pour répondre à son envie de joindre à la mélodie, l’agressivité et la technicité du death métal.
Pour ce premier album, « Black Earth », Amott a fait appel à son frère, Christopher, deuxième guitariste, à Daniel Erlandsson, batteur de session, et au chanteur John Liiva. Ce premier album doit plus être considéré comme un disque solo d’Amott que comme un effort de groupe. En effet, Michael a composé tous les titres et assure également les lignes de basse.
Musicalement, ce premier effort est assez brut de décoffrage, entre death mélodique et thrash, le tout sans fioritures. Le groupe fonce dans le tas sans trop se poser de questions, restant ainsi éloigné de ce que les ténors du death mélodique, In Flames et Dark Tranquillity font à cette époque. En effet, Arch Enemy est nettement plus violent, plus proche du thrash. Les ombres de Metallica et de Kreator planent sur cet album mais le groupe réussi un bon mix entre ses influences et le heavy. En effet, les deux frangins guitaristes sonnent très mélodiques avec une patte Iron Maiden assez marquée. Et ce mélange donne un très bon premier album, court et nerveux, puissant et mélodique, avec un chanteur efficace – même si parfois trop mis de côté - oscillant entre vocaux death et thrash. Sur les 34 minutes, sans les bonus, que dure « Black Earth », l’auditeur n’a pas l’occasion de trop s’ennuyer.
Le disque contient plusieurs très bons titres, appelés à devenir des classiques du groupe. Il y a d’abord le formidable « Bury Me An Angel », qui présente à merveille l’esprit Arch Enemy, avec un riff principal ultra agressif ainsi que des breaks et des soli mélodiques de grande classe donnant au titre une force et une puissance hors normes. Le tout est appuyé par un chant très rugueux, un peu étouffé par les instruments mais efficace, et par une batterie qui pilonne sans pitié. Nous citerons également le titre final, « Fields Of Desolation », avec son intro puissante et mélodique qui précède un chant bien typé death métal et plus mis en avant, notamment sur le refrain. De nouveau, d’excellents soli très typés heavy métal donnent un excellent mélange des genres, entre fureur et mélodie.
Hormis ces titres, le reste de l’album oscille entre death et thrash avec deux très courts instrumentaux, idéaux pour reprendre son souffle. Et si les morceaux n’ont pas la même valeur que les deux cités, ils restent agréables à écouter et prometteur pour l’avenir d’Arch Enemy. Nous penserons par exemple à « Transmigration Macabre », ultra bourrine dans son début mais valorisée une fois de plus par une nouvelle passe d’armes des deux frangins à la guitare. Nous noterons enfin que le disque a été réédité avec trois titres bonus, dont une excellente reprise d’ « Aces High » d’Iron Maiden, bien revisitée à la sauce death mélodique.
Pour un premier album, Amott et sa bande réussissent donc à convaincre de leur potentiel. Il reste bien sûr des choses à améliorer, comme donner plus de personnalité à certains titres par exemple, mais les bases sont déjà solides pour donner une suite de qualité qui lancera complètement le groupe.