« Stygmata » sort deux ans après « Black Earth ». Pour ce deuxième album, Micheal Amott va transformer ce qui n’était qu’un projet solo en véritable groupe, en engageant un bassiste, Martin Bengtsson, et un batteur, Peter Wildoer. De plus, le groupe signe sur un label dynamique, Century Media, qui lui donne la possibilité de sortir ce nouvel opus partout dans le monde. Avec ce disque, Arch Enemy va commencer à doucement s’annoncer comme un des grands espoirs de la nouvelle scène death mélodique, tout en s’éloignant du style d’un In Flames ou un At The Gates. En effet, le groupe garde sa base thrash bien en évidence dans son death métal et se différencie aussi par les excellents riffs et soli des frères Amott, véritables orfèvres du genre, entre heavy métal et thrash. Les deux hommes sont très techniques sans trop en faire, complémentaires et apportent donc un plus indéniable à la formation.
« Stygmata » est la suite logique de « Black Earth ». Il reprend les mêmes recettes en les améliorant et conserve donc toujours cette base musicale entre thrash et death mélodique, notamment au chant. Jon Liiva a d’ailleurs beaucoup progressé, et même s’il n’est sans doute pas le meilleur dans le genre à cause d’un léger manque de puissance, son aspect rugueux donne une certaine force aux compositions. En outre, ce disque est nettement plus long que son prédécesseur (46 minutes pour 9 titres). Cette longueur qui permet de laisser s’exprimer les musiciens aura d’ailleurs tendance à légèrement handicaper un ou deux titres. Enfin, « Stygmata » est doté d’un son clair et puissant. Fredrik Nordstrom, qui a produit le disque dans le célèbre Fredman Studio, a réussi à mieux capter la puissance et la face mélodique du groupe que sur « Black Earth » qui sonnait parfois un peu trop brut.
Ce nouveau cru est une belle réussite, méchant et hargneux, avec juste ce qu’il faut de mélodie pour ne pas lasser. « Beast Of Man », qui ouvre le disque, en est le plus bel exemple. Les harmonies et les soli de guitare amènent la face mélodique tandis que le chant death et la batterie bien martelée ne laissent guère de répit à l’auditeur. Le tout est amené par un gros riff puissant pour un résultat imparable, idéal pour lancer l’album. A coté de ce titre, plusieurs autres émergent du lot. Nous noterons les deux très bons instrumentaux : « Vox Stellarum », merveille de finesse avec son piano amenant une touche assez nostalgique et la superbe piste de guitare de Michael Amott et « Stigmata », dans laquelle les deux frères s’en donnent à cœur joie, montrant une belle dextérité pour un excellent résultat.
La suite est composée de l’accessible et paradoxalement assez complexe « Sinister Mephisto », avec son intro imparable à la batterie, proposant des vocaux presque black sur les couplets avant un refrain plus soft et des guitares très mélodiques. Avec « Let The Killing Begin », nous avons affaire à un titre purement thrash, très lourd à tous les niveaux, aux guitares très agressives du début à la fin. Nous citerons également « Tears Of The Dead », plus death mélodique dans l’âme et rehaussé par le chant très inspiré de Liiva, ainsi que de très belles harmonies de guitares. L’album se conclut avec le formidable « Bridge Of Destiny », magnifié par de très longs soli gorgés de feeling donnant le frisson.
Si « Stygmata » souffre de quelques petites faiblesses notamment sur des titres comme « Dark Of The Sun » ou « Black Earth » qui auraient gagné à être plus concis, Arch Enemy et Michael Amott confirment pourtant leur énorme potentiel. Avec un ou deux ajustements, l’avenir ne pourra que s’annoncer radieux même si le groupe peine un peu à s’imposer aussi bien commercialement que scéniquement.