Odin, Dieu de la guerre n'est pas forcément le genre de type à qui on ira chatouiller la moustache pour se marrer. Wizard, groupe de True-Metal speedé allemand n’est pas vraiment le genre de groupe qu’on imagine chatouiller des moustaches pour se marrer : les 2 entités étaient donc faites pour se rencontrer, CQFD ! Mais si la rencontre était prévisible, nul ne pouvait dire qu’elle serait couronné de succès, car au royaume des types sensibles de la moustache, il y a l’infiniment haut, et l’infiniment bas.
Or il y a encore peu de temps, Wizard évoluait dans l’infiniment bas, en compagnie des taupes, des plaques tectoniques, et parfois même du noyau terrestre. Ayant pointé une tête hors du sol à l’occasion d’un Head Of The Deceiver qui les voyait se parer d’atours speed, il n’en reste pas moins qu’Odin les attendait marteau en main pour les refaire partir vers les profondeurs en cas d’échec. Il fallait donc à Wizard trouver un ingrédient magique, une ressource mythique pour échapper au courroux divin : le talent !
Trêve de mise en situation… Non seulement Wizard garde la tête hors du sol, mais ils passent également les épaules pour un album tout à fait correct. Nul besoin d’aller creuser bien loin pour en être convaincu : « The Prophecy » attaque sur un matraquage de fûts en règle qui débouche rapidement sur un petit miracle dans le monde du True Metal, la voix de Sven D'Anna est bonne ! Justesse, accent anglais, tenue des notes, aigues, lignes de chant : tout a été corrigé et s’avère de bonne facture. Le titre enchaîne donc rythmique carrée, refrain hymnique, solo efficace, pour une entrée en matière terriblement prenante.
« Betrayer » vient enfoncer le clou, toujours servie par un élan speed maîtrisé et un refrain jouissif, appuyé par des chœurs rageurs très convaincants. Le rythme ralentit alors quelque peu le temps d’un « Dead Hope » dans lequel la basse est mise à l’honneur. Titre un peu plus faible car plus long, ce format n’a jamais réussi à nos Allemand qui sombrent alors dans le répétitif et l’étiré. Pas d’inquiétude, le bon reprend la main sur un « Dark God » qui offre à Sven l’occasion de se racheter dans un exercice narratif devenue sa bête noire.
« Lokis Punishment » se mue en un hymne imparable, « Beginning Of The End » matraque son propos avec conviction, « Thor’s Hammer » peut encore se targuer d’un refrain redoutable qui vient sauver des couplets plus basiques et un interlude aux relents symphoniques fragiles. Le tempo redescend pour laisser place à un « Hall Of Odin » solennelle porté par des chœurs. Pas transcendant, mais carré et maîtrisé comme le prouve le pont final laissant Sven seul au chant, un défi vocal une nouvelle fois relevé. Une sensation que l’on ne retrouve pas malheureusement sur « The Powergod » où notre homme pousse un peu trop loin ses aigües, devenant criard.
Le dernier tiers de l’album comprend son lot de surprises et confirmations… Confirmations avec « March Of The Einheriers », qui ne surprend plus mais place à nouveau la basse en avant, « End Of All », qui se pare à nouveau d’un excellent refrain et d’un break à l’orgue bien senti, puis première surprise avec un retour à des tonalités plus heavy le temps d’un « Ultimate War » bien ficelé. Mais LA surprise, le bouleversement stellaire vient en fait du dernier titre : la ballade « Golden Dawn » ! En jouant la carte d’influences symphoniques légères, Wizard parvient à proposer ici son premier titre correct dans le genre, bien servi par des arrangements touchants venant soutenir une voix encore fragile. Bien sûr tout cela sonne encore un peu carton-pâte, mais l’effort est perceptible.
On pourra dire ce que l’on veut, Wizard s’en sort bien. A ceux qui émettraient encore des réticences, ce sera bien plus face au genre qu’au groupe : nos Allemands font du True-Metal carré, basique, rentre dedans et le font correctement. Il n’y avait ni plus ni moins à espérer et on ne sera déçu que si l’on n’apprend pas à s’en contenter. D’après nos sources, Odin lui aime bien et se le repasse parfois en se tripotant la moustache...