Je viens de finir une nouvelle écoute de ce Magic Circle de Wizard afin d’en rédiger la chronique, et alors que j’extrais l’album de ma platine, en prenant soin de ne pas le laisser glisser entre mes doigts lors de son passage proche de ma poubelle, une question m’étreint : « Pourquoi ? »
La plupart du temps à cette interrogation mystique vous répondrez un laconique « Parce que ». Mais le « Parce que » est une arme redoutable, capable de cacher le meilleur comme le pire. Plus souvent le pire d’ailleurs, car on s’épanche sans trop se faire prier sur les bonnes raisons, beaucoup moins sur les mauvaises. Or ici, de bon il est trop peu question, de mauvais bien plus…
Après plusieurs efforts en constante progression, ayant vu le groupe muer du pire au correct, on s’attendait à franchir un nouveau palier. Malheureusement sur l’escalier qui devait les mener jusqu’à la gloire, il semble que le destin se soit amusé à scier une marche, et répandre une large tâche d’huile sur la suivante. Résultat : c’est tout le combo qui dégringole des échelons durement gravis, et on a la très désagréable impression d’avoir entre les mains une compilation de Faces B des jeunes années de nos Allemands.
La courte introduction « Enter The Magic Circle » nous laissait pourtant présager du meilleur, on s’imaginait déjà reprendre le poing levé les refrains portés par les chœurs glorieux qu’avait introduit Odin. Mais dès les premières mesures de « Fire And Blood », on s’apercevait très vite que si les chœurs étaient toujours présents il faudrait repasser pour le côté glorieux… Et l’on pouvait alors aussi noter que la production allait être la cause d’un plaisir d’office largement entamé : batterie en carton, guitare complètement noyée et basse sur-mixée nous seraient infligées pendant 1H ou ne seraient pas.
De « Fire And Blood » donc à « On Your Knees », de « Call Of The Wild » à « Uruk-Hai » en passant par « Death Is My Life », les mêmes riffs aux modulations inexistantes, les mêmes rythmiques aussi entraînantes qu’un slow de Céline Dion sous Lexomil, se succèdent. Il manque ici l’âme, la rage, que réclame à corps et à cris le True-Metal. Cette perte d’intensité, d’efficacité, qui sont les deux caractéristiques indissociables du genre adopté par Wizard devait condamner le groupe à un album médiocre, comme si tout avait été dit et délivré sur le précédent opus.
Pourtant le groupe ne pêche pas par manque de conviction, et l’on sent qu’une fois encore ils ont essayé, en vain. Ainsi on retrouve au cœur d’un « Fire And Blood » ou dans la mélodie d’un « No Way Out » les traces de riffs Heavy-Metal traditionnel profond et sombre à la Black Sabbath. On voit également sur ce même « No Way Out » notre cher Sven D’Anna expérimenter de nouvelles lignes vocales sans la réussite escomptée, et redevenant plus convaincant sur un refrain malheureusement copié-collé du titre « Betrayer » composé par le groupe sur Odin. Le titre est donc l’exemple de la composition qui en restant agréable n’apporte rien par rapport au passé Wizardien.
Reste le cas de 2 morceaux plus difficiles à juger. Tout d’abord la ballade « Don’t Say Goodbye », qui est clairement parmi les bons titres du genre composés par le groupe, mais tout aussi clairement inappréciable en l’état, vu sa production indigne d’une démo d’un groupe Grunge underground. Enfin l’épique « Warriors Of The Night » qui ravive le souvenir du traumatisme Manowar dont souffre notre quartet, en se rapprochant bien trop pour être tout à fait honnête d’un « Battle Hymns ».
Alors qu’il n’avait de cesse de se redresser, Wizard chute donc lourdement. Lourdement mais pas irrémédiablement, car si l’on tend l’oreille, on se doit de reconnaître que certains acquis ont été préservés tant au niveau du chant que des mélodies. Trop préservés peut-être pour que l’on puisse les entendre, mais avec Wizard nous avons appris à être patient…