Avec ce troisième album, Arch Enemy est bien décidé à enfoncer le clou. Burning bridges sort en effet en 1999, soit un peu moins d’un an après Stygmata. Michael Amott va procéder à des modifications de line-up pour trouver la bonne formule et arriver à ce qui reste aujourd’hui encore la structure musicale du groupe. C’est ainsi que Daniel Erlandsson revient à la batterie - mais cette fois de manière permanente - et le très bon bassiste Sharlee D'Angelo (Dismember, Mercyful Fate) rejoint le groupe. Avec ces deux excellents musiciens, la formation va prendre une ampleur encore plus importante pour signer tout simplement le meilleur album de sa première carrière.
Sur ce très court album d’à peine 35 minutes dans son édition d’origine et composé dans l’urgence, les frères Amott qui signent tous les titres, ont choisi de mettre en avant les aspects mélodiques et accrocheurs contenus dans leurs précédents albums en proposant notamment des refrains évidents. Sur les 8 titres que dure le disque, aucun n’est exagérément long, chacun d’eux va droit à l’essentiel même si les mêmes petites touches technique aux guitares, marque de fabrique du groupe, sont conservées.
Si l’approche générale est donc plus mélodique, la face thrash reste quand même bien présente en premier lieu grâce au pilonnage de la batterie et en second lieu grâce aux vocaux de Johan Liiva qui trouve ici complètement ses marques pour ce qui sera paradoxalement sa dernière prestation avec le groupe.
Ce Burning Bridges est donc un excellent cru sans temps morts ni temps faibles. Dès « The immortal », qui ouvre le disque, le ton est donné, avec un titre au riff d’entrée imparable sur un chant ultra puissant dont la fureur ne faiblit que par le biais de quelques breaks de guitare et quelques soli purement heavy métal. Outre ce début assez rentre dedans, le disque comporte plusieurs pépites très mélodiques et entraînantes.
On pensera à Dead Inside, d’une rare finesse musicale, avec juste un chant ultra brutal accompagnant parfaitement les multiples passages mélodiques des guitares, « Pilgrim » avec son début qui rappelle clairement Iron Maiden et son « Aces High », merveille pour les amateurs de duels de guitare ou encore « Silverwing », titre un peu plus violent mais doté d’une mélodie principale imparable, presque FM, qui se marie très bien avec le riff principal et le chant qui eux sont bien thrash.
Et même quand le groupe se la joue purement thrash comme sur « Demonic Science », il reste toujours un riff de guitare ou un solo pour donner une petite touche mélodique du meilleur effet. On notera aussi que sur ce titre Liiva donne le meilleur de lui-même alternant parfaitement les styles vocaux.
La recette fonctionne ainsi tout le long de l’album jusqu’au titre éponyme qui conclut ce court brûlot dans une ambiance plus lourde et assez glaciale. « Burning bridges » est en effet ultra heavy, aux limites du doom, avec un chant très caverneux, mais agrémenté d’une très belle partie de violon et de piano qui donne au titre un cachet supplémentaire.
Arch Enemy achève ainsi avec brio la première partie de sa carrière, partie certes un peu oubliée depuis l’avènement du groupe avec sa nouvelle chanteuse, mais qui mérite franchement que l’on s’y attarde, notamment via ce Burning Bridges, un des tout meilleurs disques du genre à être sorti ces dernières années.