En règle générale, un changement de vocaliste est difficile à surmonter pour un groupe, surtout après plusieurs albums. Pour Arch Enemy, le changement qui va subvenir à l’automne 2000 va être au contraire un formidable catalyseur qui va faire de ce groupe un acteur majeur de la scène death métal mélodique et métal en général.
Michael Amott qui a voulu gagner en puissance a remercié Johan Liiva pour le remplacer par une chanteuse allemande, Angela Gossow, journaliste et déjà connue pour ses prestations avec des groupes de death métal locaux. Liiva était un bon chanteur, mais il excellait surtout dans un registre Thrash et n’était pas forcément très à l’aise dans un registre purement agressif.
Ce "Wages Of Sin", qui sort en 2001, va s’avérer être le plus violent album du groupe. Arch Enemy va s’éloigner en partie des rives Thrash pour s’approcher plus franchement du death black mélodique grâce aux vocaux énergiques d’Angela sans pour autant délaisser sa base technique et mélodique si caractéristique. Les frères Amott n’ont rien perdu de leur feeling, ils se sont juste adaptés à leur nouvelle chanteuse.
Tout semble donc calculé pour conquérir un nouveau public et une place de leader dans la mouvance d’une scène death mélodique en plein essor.
Le début de l’album va s’avérer incontournable avec quatre titres directs et furieux. Si "Enemy Within", qui ouvre le disque, commence par une douce mélodie au piano, elle va très vite se transformer pour tout emporter sur son passage sous un rythme infernal, soutenu outre le chant par une batterie martelée par un Erlandsson plus brutal que jamais. « Burning Angel » et « Ravenous » continuent ce travail de sape tout en conservant cette fameuse base mélodique rendant les harmonies de guitare toujours très accessibles.
Après cet écrasant début, le groupe tente un titre plus lent, « Savage Messiah », un mid- tempo assez long dont le chant n’est guère adapté, tout particulièrement sur le refrain. Composition ratée donc qui de plus aura le malheur de casser complètement le rythme du disque...
La suite reprend le schéma du début mais avec un peu moins d’inspiration et surtout de réussite. « Dead Bury Their Dead » est un des titres les plus violents du disque mais il n’apporte rien de plus tout comme « Web Of Lies » et « The First Deadly Sin » qui semblent simplement se contenter de suivre une recette.
La fin du disque reste heureusement de qualité avec les excellents « Shadows And Dust » et « Behind The Smile », cette dernière retrouvant des aspects assez Heavy avec un refrain puissant et écrasant et un solo très mélodique et inspiré.
"Wages Of Sin" est donc un bon album, rageur, technique et gorgé de mélodies imparables. Si l’on pourra regretter la disparition d’une certaine fraicheur et d’une certaine naïveté, cet album aura permis de découvrir une chanteuse hors norme, à la puissance rare, qui va devenir sur scène une bien meilleure meneuse que son prédécesseur. Il reste à espérer par la suite qu’Arch Enemy saura continuer à évoluer sans se contenter d’appliquer une formule juste efficace…