Longing For Dawn est un de ces groupes qui pourrait aisément correspondre au slogan « Play slow… or don’t », et pour lequel il serait judicieux d’ajouter une bonne dizaine de « o » dans l’orthographe du style qu’il pratique : le doom. Originaire du Québec, c’est Frederic Arbour, fondateur du label à présent bien connu Cyclic Law Records, écurie œuvrant principalement dans les sphères obscures d’Ambiant et d’Industriel, qui est à la tête de ce joyeux quintette aux élans funéraires.
Troisième album du groupe, « Between Elation and Despair » n’est composé que de quatre titres mais chacun d’une durée très respectable, ce qui nous amène tout de même à 52 minutes de funeral doom dans la plus pure tradition.
S’impose en simultané et tout au long de l’album un sustain de guitare pesant, une longévité démesurée de la note, rythmée par une batterie perpétuellement en suspend, dont la caisse claire semble vouloir à jamais surseoir sa lourde besogne, et où les « rides » déchirent laborieusement l’air pour progressivement s’évanouir dans d’obscures vapeurs.
Riche en ambiances, mises en scène par divers arrangements et autres manipulations sonores, le son de Longing For Dawn est consistant. Une couche oppressante d’une épaisseur de six pieds pèse de toute sa masse tel un cheval mort au dessus du linceul de l’auditeur. Si les vocaux sont essentiellement un growl proche des vieux My Dying Bride, un chant clair plaintif, ou plus exactement un phrasé machinal dénué de sentiment parvient, via des interstices savamment placés, à insuffler le minimum d’air avant la suffocation fatale. La finalité n’est pas votre salut, non, mais bien le prolongement du supplice en maintenant le minimum vital. En second plan viennent épisodiquement s’intercaler de lointains chœurs lugubres. Sur « Our Symbolic Burial » et « A Sunrise At Your Feet » de récurrentes notes détachées de la rythmique pleurent littéralement, tel un lointain cor de brume vous appelant vers « autre chose ».Tout est mis en œuvre pour évoquer accablement, tourment et désolation.
Pénétrante telle une fine pluie verglaçante, la musique de Longing For Dawn peut l’être si toutefois l’auditeur est prédisposé à se torturer un peu l’âme. Dans le cas contraire elle glissera telle une goutte d'eau sur l’huile et les délices sépulcraux de « Between Elation and Despair » n’évoqueront en vous que répétitions et longueurs. Personnellement je me délecte.