Après un "Technical Ecstay" qui sera le premier véritable échec commercial d'un groupe plongé dans la drogue et les excès, les pressions internes - notamment la lutte d'ego entre le chanteur et le guitariste - seront plus fortes que l'envie de travailler ensemble et Ozzy Osbourne finit logiquement par claquer la porte en 1977 en cessant tout simplement de se rendre aux répétitions.
Mais pour Black Sabbath, pas question de s'arrêter là. De nouveaux morceaux sont donc composés avec Dave Walker (Savoy Brown, Fleetwood Mac). Finalement le Madman reviendra sur sa décision en réintégrant le groupe, et recomposera les paroles proposées par Walker, comme si de rien n'était. L'album qui résulte de ces efforts sera "Never Say Die !". C'est donc dans un contexte un peu instable que l'album est composé et c'est une surprise de voir une œuvre aussi homogène.
En effet, tous les titres font bloc, sans qu'un ou plusieurs ne soient en décalage stylistique avec le reste, comme cela avait pu être le cas sur les opus précédents. Seul 'Swinging The Chain' se démarque un peu par ses parties vocales assurées par Bill Ward. Les expérimentations à tout va sont un peu laissées de coté. Les claviers (de Don Airey, qui est alors à l'aube de la carrière qui lui est connue actuellement) sont discrets et ne prennent jamais le pas sur le reste. Même sur le sympathique 'Air Dance' où ils sont présents, ils restent cantonnés à un rôle d'accompagnement d'une base assurée par les quatre musiciens principaux.
Cette base présente sur tout l'album est celle de musiciens revenant aux fondamentaux de la musique hard rock avec des riffs à la pelle, des refrains, et du rythme. Le talent de Iommi s'exprime encore une fois avec de nombreux coups de maîtres qui déboulent à chaque break. En pleine inspiration, celui-ci rend l'album passionnant à écouter de part l'inventivité dont il fait preuve sur un modèle qui ne change pourtant pas trop d'un morceau à l'autre. Ozzy assure une dernière fois son rôle avec des lignes de chants agréables.
L'éternel problème de Black Sabbath vient de la production régulièrement vieillotte. Il n'y a pas un soupçon de remise en question sur ce disque à ce niveau, et c'est donc le même son un peu poussiéreux qui rebutera le néophyte au premier abord. De plus, cet album souffre de sa place dans la discographie de Black Sabbath. A la fin des années 70, plus personne n'y croit vraiment. Seul Ronnie James Dio saura redonner une crédibilité suffisante au groupe pour les propulser dans les années 80.
La "période Ozzy" s'achève donc dans une atmosphère pesante et dans l'indifférence générale, les deux derniers albums étant souvent vus comme une agonie. Pourtant, aucune formation n'influencera autant de groupes dans l'univers du métal que celle-ci. Le succès du Sab' ne s'est pas construit sur un coup de chance et sur "Paranoid", mais bien sur huit albums fondateurs, importants, comportant chacun une quantité invraisemblable de trésors qui ne demandent qu'à être découverts et redécouverts.