Soziedad Alkoholika est un groupe basque espagnol qui après 20 années d’existence, en est à son 8ème album. Il n’y a pas de gros changement à signaler par rapport au précédent opus, « Locomotive », qui date pourtant de 2003. Le groupe évolue toujours dans un style qui fusionne les influences Punk, Thrash et Hardcore.
Le propos est toujours aussi engagé et dénonce aussi bien les abus du pouvoir « Política Del Miedo », l’intrusion des religions dans la sphère privée « Dios Vs. Alá », l’esprit taquin et primesautier au delà du naturel des forces de l’ordre, « Punto y Seguido », que les répressions gouvernementales, « Solicitud De Condena ». Ceci n’est pas sans rappeler le fait que le groupe fut inquiété pour avoir été un peu hâtivement considéré comme étant un support de l’E.T.A.
Les textes occupant une place importante, les auditeurs non hispanophones sont un peu handicapés. En effet, une fois la surprise que constitue l’écoute du chant en espagnol, la mauvaise compréhension des paroles peut être préjudiciable à l'appréciation du groupe.
Au delà de cela, l’ensemble est très agressif et très dynamique même s’il manque un peu de variété et de changements de style. En effet, les quatorze titres qui composent cet album, si l’on excepte le remix de « Política Del Miedo », sont plutôt linéaires et seuls se feront remarquer « Glock 19 » et son intro aérienne, et « Por El Odio » qui propose un démarrage un peu plus groovy que les autres.
Si le fait que le chant exclusivement assuré en espagnol apporte non seulement un peu de fraicheur et d’exotisme dans une scène très largement dominée par des anglophones, mais permet aussi de faire un peu mieux passer le coté monocorde de Juan, il est probable qu’une fois passée la surprise, les auditeurs non hispanophones resteront sur leur faim. Ne pas comprendre les paroles d’artistes engagés est évidemment fort frustrant. Et c’est dommage, car la passion et la rage sont bien présentes, l’expérience est palpable et le son est très bon, le groupe ayant bénéficié de l’expérience du danois Tue Madsen (Stick Of It All, Moonspell, Dagoba…).
« Mala Sangre » est donc un album typique du genre qui manque comme beaucoup d’autres avant lui de ce petit plus d’originalité qui fait la différence. Au regard de leur longue expérience, il y a fort a parier que SA gagne plus à être vu sur scène, qu’à être écouté en boucle sur disque.
Il est à noter que « Mala Sangre » est sorti initialement en Espagne en avril 2008, où il a reçu un très bon accueil aussi bien de la presse que du public.