Si Tony Riveryman est un guitariste de formation il joue aussi claviers et basse. Sur cet album il est secondé par un certain Pikkis qui se charge de la batterie. A peu de chose près Tony fait donc ici un one-man-show. Ah, n'oublions pas que notre homme chante aussi… On en dira plus à ce propos par la suite.
Riveryman est un guitariste au style fluide, mélodique, inspiré, affectionnant un son lyrique, sorte de mélange entre Steve Hackett et Steve Howe (leur goût pour les sons harmonisés), avec des touches de virtuosité nettement plus typées jazz-rock (si vous cherchez sur www.YouTube.com, vous trouverez des vidéos de notre homme jouant dans le style de Larry Carlton et Robben Ford, vidéos que l'on retrouve aussi avec pas mal d'autres, sur sa page personnelle sur www.myspace.com). Musicalement, ses références semblent se situer vers le Yes le plus accessible, le Genesis des années 76-77, avec un son plus moderne qui évoquera Pendragon mais aussi des groupes américains tels que Magellan dans ce qu'ils ont de plus mélodique.
Ce disque est presque tout entier dédié à des compositions finalement assez peu complexes sur le plan mélodique, souvent enjouées, parfois plus épiques et largement développées, dont la durée tourne souvent autour des 10 minutes. On note un certain côté pop aussi (le plutôt niais "Garden of love").
Venons-en aux défauts de ce disque… Le chant est assez faible, aigu et voilé, nasillard, pas toujours bien juste. En fait, on sent assez souvent une certaine errance au niveau des mélodies vocales. La voix du musicien a beau avoir été réenregistrée plusieurs fois et traitée, elle n'est toutefois pas à la hauteur et le mixage est confus. On notera les essais d'harmonies vocales mais ce n'est pas au point… Un détail d'autant plus important que le chant est très présent sur cet album, en dépit de parties instrumentales conséquentes.
Autre point noir pour continuer sur ce qui vient d'être mentionné : la production. Le son est peu clair, noyé dans la « reverb » et dans des effets plus ou moins bien maîtrisés, qui rendent l'ensemble confus et uniforme. Pikkis abuse aussi des roulements de batterie à tout va, usant d'un son un peu froid, voire synthétique
Du côté des compositions elles-mêmes, l'album part de manière assez originale avec le petit instrumental mystérieux aux légères dissonances "Ladder of the giant" (seul morceau de moins de 6 minutes !). L'ouverture du suivant est également prometteuse avec ce son de guitare lyrique, des synthés un peu froids mais beaux et soyeux… Mais dès que le chant arrive le plaisir d’écoute s’en trouve fort diminué...
Il n'y a pas de temps mort, mais au contraire un certain sentiment de musique en ébullition. On aurait aimé des accalmies, des pauses rythmiques (peu de réels changements de rythme et des tempos presque toujours rapides et syncopés). Certains morceaux (comme "Garden of love") semblent prolongés de manière inutile, donnant l'impression de tourner un peu en rond. Ce qui n'enlève rien aux excellentes capacités de guitariste de Tony, ceci étant dit.
L'album ne comporte que 8 morceaux mais vu leur longueur pour la plupart, il s'agit d'un album très long et, à cause de ces défauts, la lassitude s'installe plus ou moins vite. Tout cela est fait avec certainement beaucoup d'enthousiasme et de sincérité. Seulement voilà, cela ne suffit pas et le résultat est décevant. Un meilleur chant et une meilleure production auraient nettement relevé le niveau du disque. Néanmoins, rien que pour le jeu de guitare, Tony Riveryman mérite l'attention. Ce garçon a du talent en tant qu'instrumentiste, c'est tout à fait indéniable et ses envolées sont parfois superbes. Il lui faut maintenant trouver des partenaires et parmi eux, non seulement un chanteur digne de ce nom mais aussi un producteur ou au moins un ingénieur du son compétent. Tony Riveryman possède probablement suffisamment de qualités pour faire bien mieux que ce premier disque.