La machine Arch Enemy tourne à plein régime depuis la sortie d’ "Anthems of Rebellion", le groupe cartonne partout où il passe et son succès ne fait que aller en augmentant. Un album live était assez attendu, l’Ep "Dead Eyes" étant au départ censé être un album live complet, puis un DVD live ayant même été programmé pour sortir courant 2005.
Mais en lieu et place, le groupe a choisi de sortir un nouvel album, histoire de ne pas perdre de temps et finalement d’occuper le marché. "Anthems", malgré quelques qualités, avait présenté une formation un peu en pilote automatique, plus préoccupé par l’image du groupe et quelques titres forts que par la cohérence générale de l’album. Il était alors légitime de se demander si celle ci allait être capable d’éviter de retomber dans le même piège avec ce "Doomsday Machine".
Pour son nouvel album, le groupe a encore changé de studio, retournant en Suède sous la houlette de Rickard Bengtsson, pour sortir, à l’image de la pochette (sombre et lugubre) son disque le moins mélodique et disons le tout net le moins intéressant, le tout semblant clairement avoir été en partie bâclé.
Il faut en effet se souvenir que Michael Amott travaillait en parallèle sur un nouvel album de son autre groupe, Spiritual Beggars, et que son frère Christopher s’apprête à quitter Arch Enemy après la fin de l’enregistrement de ce nouvel album. Dans ces conditions, il était peu évident d’avoir un grand disque, le groupe se contente de reprendre la même formule que sur ses deux dernières sorties, mais avec nettement moins de réussite.
Le chant d’Angela Gossow est ici particulièrement difficile à apprécier, car outre son manque de variation, il est complètement modifié et trafiqué par informatique donnant un aspect très artificiel qui plombe nettement la plupart des titres, en couvrant les rares mélodies présentes. Car là où le groupe excellait, soit dans la recherche mélodique, ne reste que son ombre. Les refrains sont en général de faible qualité, et les titres censés être les tubes du disque tombent un peu à plat. De plus, le son du disque est assez étouffé et manque de puissance pure. Seuls restent quelques bons soli des frères Amott qui n’ont pas trop perdu la main sur cet aspect là.
Au final, pas grand-chose à retenir, la deuxième partie de l’album étant même particulièrement indigeste avec pas mal de ralentissement de tempo assez peu efficaces. Et comme conscient de cet état de fait, le label a une nouvelle fois pratiqué un large matraquage publicitaire, annonçant encore une fois le meilleur album du groupe et présentant un nouveau digipack assez luxueux, la pochette rappelant cette fois Dimmu Borgir, avec encore un DVD bonus.
Ce disque a une durée de vie assez courte, il donne une bonne première impression avant que ses défauts n’apparaissent au grand jour avec les écoutes. Après une courte introduction, assez mélodique et plutôt réussie, se trouve un bon 'Taking Back My Soul', assez efficace malgré le chant qui sonne étouffé, avec un bon refrain et les meilleurs passages de guitares du disque. Mention spéciale à celui de Gus G, invité sur ce titre et futur remplaçant de Christopher Amott. 'Nemesis', l’autre titre prévu pour être un des tubes de l’album, ne fonctionne qu’à moitié malgré de bonnes mélodies de guitare, la faute à un refrain un peu facile, trop commercial et prévisible pour convaincre totalement. Et après, c’est plus ou moins le désert.
Certains titres ne décollent jamais vraiment malgré quelques bonnes idées, on pensera à My Apocalypse et ses quelques samples intéressants ou à l’ambiance sombre de 'Carry the Cross', même si pour ce dernier, le chant est particulièrement difficile à supporter tellement il est trafiqué. Par la suite, c’est une longue succession de titres faiblards aux allures de faces B. Il y a par exemple 'I am Legend' ou 'Skeleton Dance' et leurs tentatives ratées de se raccrocher à la mode metalcore du moment. Seul l’instrumental 'Hybrids of Steel' retient complètement l’attention sur cette deuxième partie de disque, avec son aspect mélodique et ses guitares qui retrouvent cette orientation heavy à la Maiden.
L’album se termine avec des titres communs, pas foncièrement mauvais mais juste vite oubliés, et assez frustrant en fait quand on connait le talent et la qualité d’écriture qu’ont eus les frères Amott dans le passé. Ce "Doomsday Machine" est dans sans nulle doute possible le moins bon de la discographie du groupe et leur premier gros faux pas après une montée en puissance que rien ne semblait arrêter.
Cet album va voir en effet le groupe rentrer dans une phase délicate. Christopher Amott quitte donc le groupe, il est remplacé par Gus G qui ne fait qu’un court intérim avant l’arrivée de Fredrik Åkesson. De plus, après avoir été accueilli assez favorablement, ce disque va voir sa côte décroitre à grande vitesse.
Pour calmer le jeu, un DVD ("Live Apocalypse") sortira courant 2006, avec un concert de la tournée 2004 évitant ainsi les titres de "Doomsday Machine". Le groupe va néanmoins encore beaucoup tourner, lieu ou il reste très convaincant. Et alors qu’on aurait pu croire artistiquement à l’agonie, Arch Enemy va rapidement proposer un nouvel album qui sonne comme celui de la dernière chance.