Bien que ce disque, sorti uniquement au Japon, ne puisse être considéré comme un album à part entière - il s’agit en effet d’une compilation de démos datant du tout début de la carrière de Malmsteen - celui-ci n’est pas dénué d’intérêt.
Tout d’abord, il présente le suédois dans la genèse de sa carrière solo. Ensuite il permet de mieux saisir le caractère de l’animal. En effet, cette compilation n’a vu le jour que pour une seule raison : contrer la sortie de « Birth Of The Sun », le disque de Marcal Jacob, bassiste de Malmsteen. L’inimitié entre Yngwie et son bassiste date de la tournée 1985 et avait donné l’occasion au suédois de dire tout le bien qu’il pensait de son quatre cordiste dans la chanson « Liar » (« Trilogy »). Si la hache de guerre avait été enterrée, Malmsteen ayant fait de nouveau appel à Marcel Jacob en 1996 pour l’album « Inspiration », lorsqu’il apprit que ce dernier souhaitait sortir les démos que les deux hommes avaient enregistrées ensemble en quatre jours en 1982 dans un petit studio de Stockholm, il se dépêcha de sortir « The Genesis » afin de prendre de vitesse son ex futur ancien ami devenu son ennemi… Quelle belle histoire…
« The Genesis » est composé de 6 démos datant de 1980, de deux morceaux enregistrés en 1997 (la reprise de Jimi Hendrix, « Voodoo Child », dans une version très longue, et « On A Serious Note » un instrumental »), et d’une piste, « Hello », de 1 minute 50 dans laquelle Yngwie présente la naissance de ce disque.
Les 6 démos ont été retravaillées en studio et le son est correct, bien qu’un peu trop compressé et sourd. Yngwie prétend avoir réenregistré les parties de basse, mais l’avis général a tendance à démentir cette affirmation. Il semblerait en effet qu’elles soient identiques à celles que l’on trouve sur les versions sorties par Marcel Jacob. Au niveau de la musique, les influences néo classiques se ressentent déjà, et la vélocité et la technique du bonhomme sont déjà impressionnantes, surtout lorsque l’on intègre le fait qu’il n’avait que 16/17 ans lors de l’enregistrement. Par contre les morceaux manquent indéniablement de peaufinage et de travail. Les mélodies sont assez pauvres et les arrangements quasi inexistants. Ainsi « Black Magic Suite Op.3 », certainement le titre le moins abouti, n’est-il qu’une longue succession d’idées, de riffs et de soli sans cohésion. On est ici très loin des pièces léchées et carrées de son premier réel opus. Mamlsteen ne sait pas encore aller à l’essentiel et faire ressortir l’essence d’un morceau. Il prend en outre un malin plaisir à les allonger de manière exagérée. Enfin, il assure le chant sur plusieurs titres et là aussi la déception est grande même si le côté tranchant et pur des parties de guitares est agréable.
Il est à noter que par la suite, Malmsteen utilisera des parties de ces démos comme ossature pour certains de ses futurs morceaux. Ainsi « Merlin's Castle » sera-t-il resservi dans « The Wizard » (« War To End All Wars ») et dans « Rising Force » (« Odyssey »). Quant à l’intro et la trame de « Voodoo Night », on les retrouvera également sur le morceau « Rising Force ».
Avec les deux titres enregistrés en 1997 on touche vraiment le fond. La reprise à rallonge de Hendrix est pompeuse et sans intérêt. Cette version est vide d’âme et le chant d’Yngwie est un véritable supplice, supplice qui dure plus de 12 minutes ! L’instrumental « On A Serious Note », n’est dans le fond pas mauvais. La comparaison avec les 6 démos de 1980 plaide en sa faveur. Le guitariste est en effet très en verve et bénéficie d’un excellent son. Mais malheureusement, la batterie, ou du moins la machine qui fait office de batterie, est totalement insupportable. De plus on s’éloigne là totalement de l’esprit de ce disque qui se veut être une compilation de démos.
Au final Yngwie nous propose avec « The Genesis » un produit bâtard qui semble avoir été réalisé plus par volonté de nuire à son ancien bassiste que par envie de faire plaisir à son public. Et cela se ressent cruellement…