« Free Your Mind » est le dixième album de Too Slim & The Taildraggers, combo originaire de Seattle. En fait, il s’agit surtout du dixième album de Tim Langford, surnommé « Too Slim », leader du groupe et qui a vu le line-up l’accompagnant être modifié à de nombreuses reprises. Au point que celui-ci n’est même pas à jour sur le site officiel de Too Slim & The Taildraggers, ce qui a bien failli nous mettre dedans pour vous le présenter. Mais passons sur ces impondérables qui marquent parfois le travail de vos humbles serviteurs, pour nous attarder sur la musique offerte par Tim Langford. Oeuvrant dans un blues-rock oscillant entre les racines roots du Chicago blues et un rock US aux sonorités countrysantes, le leader et seul maître à bord a su créer un style personnel sans être surprenant pour autant.
« Free Your Mind » ne souffre d’aucun temps mort et les thèmes musicaux sont variés passant d’un blues-rock dynamique (« When You Love Somebody ») à un rock US à la Dire Straits (« Last Train ») avec délicatesse, mais également en gardant un rythme qui permet à l’attention de se maintenir. L’ensemble est emmené par le maître des lieux dont la voix éraillée à la Calvin Russell montre parfois quelques limites, mais est également dotée d’une authenticité qui en fait tout le charme. Tim Longford est également un excellent guitariste qui maîtrise tous les aspects de ce genre musical. La slide est régulièrement de sortie (« Free Your Mind », « Been Through Hell », « Bottle It Up »,…) et le bonhomme porte littéralement chaque titre avec ses riffs roots et efficaces, et ses soli bien sentis.
C’est d’ailleurs là que se trouve également la principale faiblesse de cet album, dans le sens où l’omniprésence de son géniteur ne laisse que peu de place aux autres musiciens. En effet, en dehors des chœurs féminins de « When You Love Somebody », des quelques notes de basses introduisant le titre éponyme, et du chant confié à Lauren Evans sur la magnifique ballade gospel « The Light » qui conclue l’album, le reste des interventions passent quasiment inaperçu. D’un autre côté, ceci évite une surenchère qui n’aurait pas forcément enrichi cet album.
Nous signalerons enfin que le sieur Longford se charge également de la quasi-totalité des paroles et que, pour ceux qui s’intéressent un peu à cet aspect de la composition, ces dernières sont particulièrement bien léchées, à la fois profondes, simples et précises. Elles peuvent traduire les sentiments amoureux (« When You Love Somebody »), parfois avec humour (« This Phone »), être de véritable leçons de vie (« Been Through Hell », « Peace With The Maker »), voire même traiter de sujets plus légers comme « Last Train » inspiré par la lecture du journal matinal. A chaque fois, l’idée est saisie avec justesse et profondeur.
« Free Your Mind » est donc un très bon album, à la fois agréable, reposant, mais également profond et bénéficiant d’une dynamique toute en finesse. Reste à savoir si le public français sera sensible à des arguments tels que les textes, quand on connaît son peu d’engouement pour les langues étrangères. Malgré cela, il pourra passer un excellent moment musical et voyager dans l’univers d’un homme et d’un musicien qui gagne à être connu.