Les Power Of Omens(PoO) sortirent leur album en 1998 de manière totalement inaperçue dans nos contrées. Pour comprendre leur musique, il faudrait les rapprocher des Spiral Architect ou de Zero Hours, en moins violent.
L’album commence sur "Inner Voice" avec des roulements de tambour et des voix en canon travaillant sur différents registres sonores, apportant une certaine pesanteur pour une approche plutôt grave. "Alone I stand" pose l’ensemble rythmique avec des montées de notes usant le manche des guitares sur toute leur longueur. Techniquement c'est du beau travail, mais la voix vient quelque peu gâcher la musicalité des PoO ; il faut aimer les voix masculines haut perchées et hurlantes. "Alone I Stand" est pourtant un beau morceau avec une guitare jouant finement et un batteur digne d’un poulpe ou d’une pieuvre - à vous de choisir, pour ma part ce sera "la pieuvre aux milles toms". Le bassiste n’est pas en reste puisqu’il assure une ligne mélodique suivant la guitare, posant par moment du tapping ou du slap bien achalandés.
"World On A Live" offre plus de place au synthé avec des notes diffuses ou des nappes rendant ce morceau assez inquiétant. La voix de Chris vient se frayer un chemin de façon harmonieuse, et si elle peut parfois agacer, cela ne dure pas bien longtemps. Suit "The Fall", qui avec son ouverture à la basse en arpèges et la voix toute douce montant en puissance dans les parties techniques, impressionne par sa grande musicalité. "The Naked Mind", avec une voix plus lourde voire heavy, reste la pièce la plus harmonieuse de l'album et dénote une réelle profondeur et performance musicale, notamment dans le combat de soli entre synthé et guitare. En comparaison, "Time" s'avère moins intéressante, si ce n’est les 'backing vocals' et le pont au milieu des 10 minutes développant des harmonies vocales délicatement surprenantes.
Enfin, que serait le rock progressif sans une pièce de 20 minutes ? "Tests Of Will" a un jeu de batterie complètement fou déjouant la musique. Il peut rappeller les batteurs des années 70 qui prenaient leur instrument de manière à part, ne se contentant pas de placer un rythme mais intensifiant la musique par une mélodie rythmique propre. L’utilisation d’une guitare classique dans l’interlude donne un côté plutôt gitan au morceau, remplaçant les habituelles envolées techniques aux changements de rythmes polymorphiques.
L’album se finit avec une guitare classique sonnant comme une berceuse. Le synthé joue une mélodie tout à fait appropriée, mais la partie rythmique est quant à elle assurée par des tam-tam djembé qui alourdissent le morceau.
"Eye Of The Oracle" est un album destiné aux amoureux des envolées techniques et des changements de rythmes incessants. Où classer ce groupe si ce n’est dans le tiroir du métal progressif technique, avec cette voix haut perchée du chanteur, agaçante parfois mais restant assez variée pour ne pas qu’on s’attarde dessus ? Cet album est une vraie réussite et doit faire partie de toute cédéthèque des esthètes du métal progressif technique.