Bourg en Bresse, vous connaissez ? Ben oui, quoi, c’est la ville où Laurent Gerra a commencé à se faire un nom en tant qu’artiste. Mais la préfecture de l’Ain est également le berceau de Messaline. Cette formation compte un premier album (Guerres Pudiques) sorti en 2006 mais surtout pas mal de concerts à son actif. « In Cauda Venenum » (ou en bon français dans la queue du venin) marque donc son retour discographique.
Le quatuor a visiblement décidé de frapper fort. Sur ce deuxième album, les musiciens se font apôtres d’un heavy / speed métal qui renoue avec les années quatre-vingt. La production englobe les instruments dans des sonorités dignes de ce que fut cette fantastique époque pour les amateurs du genre. Les parties de basse sont agressives, la batterie suit le mouvement en appuyant sévèrement là où il faut et surtout, la guitare défouraille à tout va, aussi bien en rythmiques échevelées que sur des soli particulièrement rapides et techniques.
Sans vouloir à tout prix obtenir la palme du revival eighties, Messaline se laisse aller dans cet univers pêchu avec un réel brio. Mais si effectivement le socle des compositions reste indéniablement coulé dans un béton séché depuis vingt bonnes années, le quatuor agrémente son œuvre par des textes riches en jeux de mots et autres calembours dont la langue française permet l’usage. Cette abondance verbale en matière de syllabes syncopées est d’ailleurs édictée par un chanteur fort à son aise dans ce domaine.
L’entrée en matière de « In Cauda Venenum » est assez fracassante avec « Espèce d’icône », une forme de diatribe bien sentie sur la religion dont le refrain ne devrait avoir aucun mal à se frayer un chemin dans les méandres du cerveau. Mais l’album ne fait que monter en puissance, car Messaline prend un malin plaisir à passer au vitriol une Amérique controversée sur le retour des rescapés du Vietnam par le biais du titre « L’infirme Amant », tandis que « Souffler dans le cul de Lucifer » ne peut apporter qu’un retour de flamme à la hauteur de son interprétation aussi imagée qu’efficace. Le groupe s’autorise même une fusion de deux morceaux de choix dans le répertoire de la chanson française, en l’occurrence « Nougayork » de Claude Nougaro et « Idées Noires » de Bernard Lavilliers pour aboutir à « Nougat Noir », dont la relecture par Messaline s’accommode particulièrement bien à la sauce heavy métal.
En dépit des influences tout de même bien palpables sur l’ensemble de cette nouvelle production, les quatre musiciens jouent à fond la carte de l’honnêteté. En effet, le riff très Megadeath de « Zèle de Poulet » aboutit à un refrain des plus entraînants qu’il faut absolument chanter, en chœur si possible. D’autre part, les interventions implémentées par le six cordiste n’ont rien à envier aux pointures composant la triplette de la Vierge de Fer. Il n’y a qu’à se pencher attentivement sur « Ecarte-les » et son avalanche de soli pour en être complètement convaincu.
En tout état de cause, nos quatre « Lucrèce Burgiens » ont mis les petits plats dans les grands pour faire découvrir sous les meilleurs auspices ce deuxième album, qu’il convient d’apprécier en somme comme un véritable gueuleton à la fortune du mot. « In Cauda Venenum » ne fait que confirmer le très bon état de santé du métal français après les retours unanimement salués de Satan Joker, Mr Jack et ADX. De plus, entre les projets de reformation des ténors du heavy metal « made in France » des années quatre-vingt, comme par exemple Attentat Rock ou Blasphème, Messaline et son « In Cauda Venenum » se positionnent comme un outsider de poids dans le paysage métallique bleu blanc rouge.