Au vu des influences revendiquées ouvertement par Yngwie Mamlsteen et du style dont il est l’un des (sinon le) créateurs, il n’est pas étonnant que le maestro suédois ait franchi le cap pour s’atteler à un projet essentiellement axé musique classique. Ce d’autant plus qu’il évoquait ce souhait depuis plusieurs années dans ses interviews. Nous pourrions également considérer qu’après avoir emprunté à Ritchie Blackmore (Deep Purple, Rainbow…), sa Stratocaster blanche, son style musical et bon nombre de ses musiciens (Joe Lynn Turner, Doogie White, Cozy Powell…), Malmsteen ait également souhaité reprendre le concept du « Concerto For Group And Orchestra » de Deep Purple.
Quoiqu’il en soit, le Suédois volant a clairement souhaité réaliser avec ce disque une œuvre assez originale. Là où Metallica ou Scorpions s’étaient contentés de réorchestrer certains de leurs titres avec un orchestre symphonique, son propos est plus de couper les liens avec le métal afin de proposer à la fois des pièces totalement inédites et des relectures réellement originales de certains de ses anciens morceaux à la sauce Classique.
Mais au delà de la volonté de l’artiste, nous pouvons apprécier le résultat de deux manières. Nous pouvons en effet saluer la prise de risque et l’énorme somme de travail (qui est palpable au regard de la qualité des arrangements et de la bonne tenue de l’ensemble). Nous pouvons également louer la finesse des mouvements, la virtuosité et le sens musical du guitariste.
Toutes ces éloges ne sont pas imméritées, notamment à l'écoute des très agréables « Presto Vivace », « Finale » ou bien « Icarus Dream ». Mais si l’enveloppe diffère, la logique musicale de Malmsteen reste inchangée. Il nous ressert les mêmes recettes dont il abuse depuis la fin des années 80, en utilisant les musiciens qui l’accompagnent comme un « backing band » chargé de le mettre en valeur. Avec ce « Concerto », la taille du groupe qui l’accompagne change mais pas la logique.
De ce fait on se trouve à mi chemin entre un disque de musique classique, qui manque d’homogénéité et d’âme, et un disque de Rock sans puissance et dépourvu de rythmique. Ainsi, si l’intention semble bonne et dénuée de considérations extra musicales, le résultat est assez décevant quelque soit l’optique de l’auditeur, classique ou rock. Les longues envolées de guitares sont bien souvent à la limite du soporifique et ne présentent pas un intérêt énorme. Et c’est bien dommage, car on sent que Malmsteen a beaucoup travaillé et n’a pas ménagé sa peine.
Reste donc un disque avec une production de grande qualité, et un artiste attachant, ambitieux et époustouflant de virtuosité mais qui semble être prisonnier de l’un de ses plus gros défauts : la difficulté qu’il éprouve à faire autre chose que du Yngwie Mamlsteen même lorsqu’il affiche, comme ici, des velléités de s’affranchir de ses schémas traditionnels.