Le Southern Rock est sans aucun doute un genre qui ne fait plus trop recette de ce côté de l'Atlantique. Par contre aux States, ça casse toujours la baraque. Voici un groupe qui n'en est qu'à son second album en 7 ans. Apparemment le fait de prendre son temps pour peaufiner l'ouvrage porte ses fruits. Grosse production, alors que c'est eux qui font tout, superbe balance, mise en place sans faille. Les musiciens sont excellents, jusqu'à la chanteuse qui possède une voix à la BJ Scott en plus puissant. Ca claque bien, ça déménage bien.
Et d'où vient toute cette énergie ? Du soleil de Floride me direz-vous. Certes, d'Orlando ajouterai-je. Mais la bonne réponse est : du batteur en grande partie. Il a le pied lourd sur la grosse caisse... Egalement du guitariste, qui sait ce qu'est une pédale Wah-Wah. Et il y a l'immense travail réalisé avec les voix. Cette impression d'ensemble, de puissant chorus, participe à cette bonne ambiance typée 'gros Blues qui tache' tout le long de l'album. Certes, il y a inévitablement les morceaux un poil plus guimauves, les slows qui permettent de souffler un peu entre deux titres plus péchus et qui nous transportent dans l'Amérique profonde, devant un feu de bois crépitant dans la nuit, en train de faire griller des marshmallows au barbecue, une couverture sur les Santiag.
"Victim" est un titre un peu à part. L'intro à la façon Space rock n'empêche pas la guitare de déchirer l'air de son cri de bête agonisante. Il faut dire que Kingstreet a su trouver un rythme assez étonnant pour un morceau plutôt bluesy dans l'âme. Du grand art que cette guitare miaulante rivalisant avec la voix "rwaquènraule" de ce pur sang sudiste, qui dit d'ailleurs du groupe : "We’re American to the bone" - et ça se sent ! Ils sont même allés jusqu'à écrire un morceau pour la chanteuse : "So Long" a été ciselé exprès pour Betsy Serafin. Et je vous assure qu'elle éclate littéralement sur ce titre au traitement Hard-blues particulièrement soigné. "Au revoir, à un de ces jours", nous dit-elle. Au prochain album alors ? Ah ben ce n'est peut-être pas tout à fait ce que ça veut dire. Cet album, le titre en témoigne ("La vie est trop courte"), est aussi dédié à la souffrance de Joe Minnix, le co-fondateur du groupe qui a perdu sa fillette Kelly dans un accident de voiture. Voilà pour l'histoire.
Le morceau "Here I Am", sans doute dédié au "gars d'en haut" avec ses accents Gospel, met fin au disque tout en douceur, comme lorsqu'on quitte une pièce en diminuant graduellement son intensité lumineuse.
Si vous aimez le genre, alors ce disque est fait pour vous. Bon, il faut quand même que je vous dise que ces gars-là, ce n'est pas d'hier qu'ils font de la musique. Il suffit de lire la petite bio pour s'en convaincre. Mais leur second album est nettement meilleur et plus abouti que le premier.