Américains "jusqu'au bout des ongles", les six membres de Kingstreet proposent une musique qui, effectivement, ne fait pas mentir cette affirmation. Jusque là, pas de problème me direz-vous : eh bien, si, car dès la première piste, l'insipide "Can I Love You", nous réalisons avec effroi que nous sommes bien loin du mélange southern rock/soul que l'on nous vante. Pour tout dire, on croirait entendre la bande-son d'un sitcom des années 80 ! Probablement un des 'opener' les plus terribles que j'ai pu entendre, de ceux qui donnent tout simplement envie d'appuyer sur Stop.
Le reste est du même tonneau : une soupe pseudo-rock tout juste bonne à accompagner un strip-tease poisseux dans l'arrière-salle d'un motel crade au bord d'une route de l'Arkansas. On note bien ici et là quelques efforts manifestes de la part des musiciens, qui font de leur mieux pour ne pas avoir à retourner jouer dans le motel en question, mais c'est peine perdue : hormis "Closing Time", qui fait preuve d'un peu plus de musicalité (étranges relents de U2), toutes les pistes sont mièvres, sans aucune variation, et ce ne sont pas les arrangements miteux qui parviennent à nous faire oublier que Kingstreet, en dépit d'autres réalisations de meilleure tenue, a sorti là un album de troisième division, pour ne pas dire de troisième mi-temps.
A moins d'être un inconditionnel de la tradition américaine ou un féru des Doobie Brothers, passez votre chemin... Que vous soyez fans de rock, de southern rock, de country ou autre(s), vous trouverez infiniment mieux ailleurs. Monotone, quelconque, voilà un album à oublier très vite.