« Stolen Memories » est le premier album de Rendez-Vous. Cette formation bordelaise, dans le circuit depuis 2007, a visiblement donné pas mal de concerts en territoire aquitain. Entièrement auto-produit, ce premier jet discographique dispose d’une jaquette dont le logo ressemble beaucoup, mais en plus gros, à celui qu’avait utilisé Stevie Ray Vaughan sur la pochette de « Soul To Soul ». Ce petit détail sur le papier tend à prendre une certaine ampleur lorsque le nom d’un aussi prestigieux guitariste est cité.
Rendez-Vous ne tape pas dans la même catégorie, même si toutefois la guitare tient une place de choix sur « Stolen Memories ». En effet, malgré la relative jeunesse du combo, les musiciens disposent d’une expérience non négligeable. Mais c’est surtout du côté de la charnière entre les années soixante et soixante-dix que lorgnent les nombreuses influences dont Rendez-Vous se régale. La construction des titres reflète cette forme de nonchalance et ce petit côté bordélique, parfaitement illustré en son temps par Ron Wood en solo, par exemple. Mais Rendez-Vous honore tout de même ces vertes années (pas seulement au sens écolo…) en se fondant dans les principales directions auxquelles elles ont donné naissance.
Le quatuor peut prendre des formes zeppeliniennes, comme le prouve le titre d’ouverture, mais également coller aux basques d’un Creedence Clearwater Revival en plaquant des riffs sur de la six cordes acoustique. D’autre part, l’acidité déversée au gré des notes ornant les soli ne fait que renforcer cette impression, qui immerge complètement l’auditeur dans ce contexte nourri aux excès en tout genre. Ces louables influences, où convergent finalement la furie électrique et la douceur de l’acoustique, ne peuvent qu’irrémédiablement évoquer le fantastique album de James Gang, « Rise Again », où pour la petite histoire figure « The Bomber », repris par Los Lobotomys sur l’album « Candyman ».
De plus, l’atmosphère générale que dégage ce premier album aurait facilement pu se confondre avec celle émanant de l’opus « Amorica » des Black Crowes, si la production l’avait permis. Mais encore faut-il rappeler que Rendez-Vous a auto-produit son œuvre, ce qui évidemment sous-entend des moyens financiers relativement limités.
Cependant, « Stolen Memories » et son contenu tout en nuance ne devrait en aucun cas faire fuir les nostalgiques du début des années soixante dix. D’autant que le groupe doit se montrer nettement plus électrique sur scène, élément que les quatre musiciens semblent plus qu’honorablement maîtriser si l’on se réfère aux différents articles relatant leurs prestations scéniques. Cette première production (car il y en aura sûrement d’autres) peut donc facilement trouver sa place dans une discothèque éclectique, car Rendez-Vous se montre assez prometteur. Toutefois, il conviendrait à l'avenir de bien faire attention à ne pas se laisser trop étouffer par ses nombreuses influences, si grandes et importantes soient-elles. En ce qui me concerne, le « rendez-vous » sera bel et bien pris en vue d’une prochaine livraison discographique.