[Mode rêve on] Quand le patron de MusicWaves m'alerta quant à la prochaine réception du nouvel opus de Clepsydra, mon cœur ne fit qu'un bond, tant mon amour pour les maîtres suisses du néo-progressif se languit depuis tant d'années dans l'attente d'une suite à "Alone". [Mode rêve off].
Point de suisse pourtant dans cet album, mais bien son homonyme italien fondé en 2002, année de la dernière parution discographique de la bande à Aluisio Magini. Et afin d'éviter toute ambiguïté, nos Italiens évoluent dans un style radicalement opposé à leurs voisins alpins : point de claviers symphoniques ici-bas (d'ailleurs, point de clavier du tout), une approche musicale plutôt brute de fonderie, tournée vers un psychédélisme très 70's. Ca y est, le mot est lâché… Et inévitablement, les noms de Pink Floyd et Syd Barett affleurent dans les consciences.
Et effectivement, la première plage de l'album va s'avérer très floydienne, mais plutôt époque Division Bell : un fond sonore synthétique, et quelques notes de guitares pleines de réverb' pour introduire un album qui va continuer pendant quelques titres avec des faux airs d'albums solo de David Gilmour. La guitare s'avère certes plus râpeuse que celle du maître, mais les compositions reprennent peu ou prou les modèles exposés par l'ancien flamant rose (Clouds ou encore Sometimes in July).
Exotica et ses tonalités … exotiques (!) va ensuite, une fois passée la partie chantée effectivement psychédélique, dérouler une dynamique instrumentale à la tonalité plus moderne, bien soutenue par une section rythmique efficace. Ce titre, hésitant entre les deux tendances de Clepsydra, un psychédélisme fortement ancré dans les 70's donc et des sonorités plus actuelles, façon brit-pop des années 80, marque clairement le tournant de l'album, puisque la suite va se passer entre ces deux sources d'inspiration.
A l'écoute d'Albuquerque, les fans de la première heure des Doors et de Jim Morrisson vont inévitablement ressentir un léger pincement au cœur, tandis que ceux qui ont frémi de bonheur au visionnage du Live at Pompéi de Pink Floyd se redresseront de leur fauteuil lors de la partie centrale du même titre. Puis, sur la plage suivante, c'est un embarquement pour Tabasco at Sunrise, qui n'aurait pas déparé le Fireball de Deep Purple. Et l'on pourrait ainsi continuer l'énumération tout du long de cette galette, en cherchant par exemple à retrouver le nom du chanteur anglais (non, il ne s'agit pas de Chris Isaak, même si celui-ci pourrait sans problème s'ajouter à la liste de références) ayant commis dans la fin des années 80 une pop-song inspirée ressemblant à s'y méprendre à Along the Cam Nothing More (merci d'envoyer les réponses au secrétariat de Music Waves!).
Alors bien sûr, à la lecture de ces quelques prestigieuses références, le lecteur impatient se sera déjà mis en tête qu'il tient là l'album de l'année. Ce n'est malheureusement pas le cas, la faute essentielle en revenant à un manque de variété d'une plage à l'autre. Tout d'abord, l'instrumentation minimaliste (oh certes, on note bien un passage de violon et un autre de trompette) ainsi que les sonorités redondantes de la guitare font qu'une certaine monotonie finit par s'installer. Mais surtout, en-dehors du trouble ressenti par moment en raison d'une évidente analogie avec la voix de Jim Morrisson, la manière de forcer son côté traînant rend la performance vocale de Fabio Di Gialluca plutôt pénible sur la durée. Et enfin, on trouve également quelques passages un peu longuets, la plupart du temps dans les parties chantées, Last Night on Vega s'avérant par exemple interminable. Heureusement, dans la plupart des autres plages, les nombreux soli héroïques de guitare viennent contrebalancer cette désagréable sensation.
Pas désagréable mais pas toujours transcendant, In Other Sunsets se révèle malgré tout au fil des écoutes comme un bon album de rock, solidement ancré dans le passé, qui plaira aux nostalgiques, mais fera fuir les adeptes de sonorités plus modernes.