Quoi de neuf dans l’Hexagone en terme de Métal Lourd m’interrogeais-je au moment même de recevoir cet album (véridique !) ? Nous avons eu cette année quelques livraisons de belle facture telles que le nouvel Adagio ou le magnifique Anthropia, ainsi qu’un retour en force de Satan Joker, auxquelles doivent s’ajouter une poignée d’autoproductions plus ou moins heureuses. Un début d’année plutôt intéressant donc, que devait venir compléter le premier album des Alsaciens de Vaiddreams.
Dès l’introduction « Prelude », il est clair que le groupe va nous proposer un Heavy-Metal mélodique, agrémenté comme il se doit de nappes de claviers généreusement distribuées et misant sur un chant puissant placé très en avant. Cette mise en bouche plutôt alléchante fait preuve de conviction et d’un sens mélodique certain, le premier titre long « Lycanthropia » prenant le relais dans un départ en trombe tout aussi séduisant. Et séduisant il reste en reposant sur un riff qui, s’il n’a rien de révolutionnaire, s’avère efficace accompagné d’un bon refrain scandé avec conviction. Le solo est du même acabit : traditionnel mais parfaitement exécuté.
Malgré tous ces compliments amplement mérités, certaines limites peuvent déjà se faire sentir, dues à un ensemble de petites défaillances personnelles. Tout d’abord le chant, tout en médium, de David Turpin qui ne varie que bien trop rarement pour rester accrocheur, saturant même à quelques reprises nos oreilles en lui assénant une prestation convaincue mais à la tonalité unique. La batterie se révèle rapidement d’une linéarité toute aussi frustrante, restant enfermée dans un jeu binaire sans relief et bénéficiant d’une production 'made in Guitar Pro', avec un son aseptisé manquant cruellement de vie et de chaleur. Notons toutefois que Gaël Tardio, actuel batteur du groupe, fut engagé après la sortie de cet album et qu'il faudra mesurer son apport dans le futur.
À cela il faut ajouter de multiples interventions aux claviers proches des sonorités de nos anciennes consoles de jeu, ce point demeurant pour moi un grand mystère tant le prélude laissait envisager de belles possibilités. « Edge Of Souls » et ses notes suraigües ou « I Can » et son solo 'gameboy' viennent par exemple briser de beaux espoirs. Le comble de la frustration est atteint avec « River Of Tears », débutant par une belle introduction épurée au piano, pour continuer sur un motif mélodique terriblement pauvre.
Nous avons donc à la suite d’une belle ouverture et d’un single tout à fait correct un ensemble de titres bien pensés, globalement accrocheurs à l’image des bons refrains de « Endless World », « Edge Souls », « I Can » et leurs suiveurs, mais pêchant par tous les aspects précités. Le manque de relief du disque vient d’ailleurs se faire sentir jusque sur les deux ballades : « River Of Tears » pour sa mélodie aux claviers, « I Can » pour la présence d’une voix féminine manquant à son tour de nuance et de chaleur.
Au final, il pourrait paraître injuste de se montrer si dur avec un groupe et un album qui bénéficieront sans doute d’un certain crédit de la part d'un public amateur. Pourtant il s’agit malheureusement ici de l’une de ces œuvres qui révèlent leurs faiblesses plutôt que leurs qualités au fil du temps. L’aspect conceptuel voulu par Vaiddreams tombe généralement à plat et on aura par exemple du mal à s’expliquer l’ineptie de l’entame d’un « Serial Killer Cat ». Malgré cela, le groupe veut bien faire et cela s’entend. Souhaitons lui donc de pouvoir se hisser dans les années à venir au niveau des productions françaises attendues. Ceci est un encouragement aussi sincère que cette chronique peut sembler sévère.