CKY est un groupe américain né à l’aube de l’an 2000 et qui a déjà quatre albums à son actif. Au cas où Jean Pierre Foucault vous poserait la question et que vous n’auriez plus de joker, CKY, initiales de Camp Kill Yourself, est une ville fictive, née de l’imagination des membres du groupe. Ce lieu de villégiature du bord de mer est sensé être sorti de terre à la fin des 70’s/début des 80’s et détenir la réputation de crouler sous les malheurs et la malchance. Tout au long des titres de l’album, CKY nous conte des évènements s’étant déroulés dans les lieux. Inspirée, paraît il, dans sa conception architecturale et son environnement géographique de villes comme Wildwood dans le New Jersey, elle semble rappeler à nos petits camarades leurs voyages d’enfance sur la côte Ouest… Je n’aurais pas voulu être dans leur caravane !
CKY fait dans un Rock très énervé et écouter ce disque est un véritable supplice pour des oreilles pouvant encore capter quelques nuances musicales. Sortir de nos jours, après quatre albums, un disque avec une production aussi déplorable est une aberration. Si, en plus, vous avez des velléités de charpenter vos titres avec des riffs acérés et de hurler de temps à autres dans le micro, le massacre n’est pas loin. Si vous rajoutez à cela des sons de synthétiseur façon ‘’je saupoudre on verra bien où ça tombe’’, on s’éloigne du massacre et on touche du doigt le génocide sonore. Alors, vous aurez beau imaginer quelques mélodies bien troussées, ce sera peine perdue, elles fondront tels des glaçons dans une coulée de lave.
Le Métal Alternatif, le Punk Rock et le Grunge, voilà de quels genres musicaux se nourrissent les gens de CKY. Lors de la digestion de leur influences, ils ont naturellement un peu tout mélangé, mais sommes toutes, nous avons déjà assisté à des melting pot symphoniques réussis. Ici, ce n’est pas vraiment le cas. Trop graisseux pour plaire aux adeptes de pop façon Fall Out Boys, trop mélodieux pour les amateurs des Pistols et de Nirvana et trop anarchiquement construit pour tous les autres, CKY vise à plaire à ses adeptes avant tout. Une louable intention, certainement, mais qui risque de ne pas leur ouvrir beaucoup d’autres portes.
Car franchement, comment résister à la rupture malhabile (on croirait changer de titre) entre couplets et refrains sur « Hellions on Parade » malgré quelques apparitions mélodiques notables, à la confusion sonore de « …and she Never Returned » qui rend impossible la capture d’une ligne mélodique, au fatras de sons synthétiques et au refrain haché/hurlé/scandé de « Plagued by Images », à la linéarité des couplets et à la bouillie musicale portant le refrain de « Karma Works », aux hurlements et au déferlement de sons sans l’once d’une mélodie de « Woe is Me » et à la lourdeur synthétique et dissonante d’ « Old Carver’s Bones » ? Comment résister disais-je ? Tout simplement en les zappant et en écoutant à la place quelques titres qui rattrapent un tantinet l’ensemble comme « The Boardwalk Body » et son refrain qui fonctionne plutôt correctement malgré son côté rageur, « Imaginary Threats » et sa convaincante partition mélodieuse, « Rats in the Infirmery » et son empreinte mélodique quasiment réussie de bout en bout, le mid tempo « A#1 Roller Rager » qui se laisse écouter et surtout l’exceptionnel «The End of an Area », un slow que l’on croirait sorti d’un autre album.
Voilà, vous le savez maintenant, à peine une moitié de cet opus est à mettre entre vos oreilles sauf à ce qu’elles soient averties (et c’est le cas maintenant, merci MW). Vous n’avez plus qu’à demander à votre disquaire préféré d’accepter la moitié de votre chèque afin de vous procurer cet album qui semble ne pas être destiné à rester dans les annales.