Qui est Ted Nugent ? Apôtre de la peau de bête, de la chasse, du port d’arme, de la peine de mort, anti-drogue, anti-alcool, patriote devant l’éternel Américain… et accessoirement Guitar-Hero américain ayant connu son heure de gloire dans la deuxième moitié des 70’s. Ted Nugent, c’est donc l’Amérique traditionnelle un brin puritaine, le hard-rock, la préhistoire et une bonne humeur exprimée sous la forme d’un humour sexuel à toute épreuve ! Et surtout, Ted Nugent est l’une des références en matière de six-cordes velue et diablement entraînante.
Entré en 1964 à seulement 16 ans dans le groupe The Amboy Dukes, celui que l’on surnommera rapidement le « Nuge » se taille rapidement une réputation de guitariste hors-pair au caractère bien trempé. Lassé par le manque d’application et d’ambition de son précédent groupe, Ted le quitte en 1974 pour lancer son propre band. Après trois mois passés dans les grands espaces du Colorado à s’ébrouer et chasser le caribou, c’est donc en 1975 que notre homme reprend sa guitare en main pour un premier saut en solo dans le grand bain.
En solo ? Pas tout à fait, car il serait absolument injuste de passer sous silence les contributions indispensables de Rob Grange à la basse, issu des premières heures des Amboy Dukes, Cliff Davies aux fûts et Derek St. Holmes au chant et à la guitare rythmique. C’est d’ailleurs sans doute ce dernier, repéré par Nugent lors de ses premières parties quelques années plus tôt, qui vient offrir la prestation la plus remarquable en proposant un chant équilibré et maîtrisé.
Le cours d’histoire étant terminé, parlons musique ! On aurait en effet tort de s’en priver tant celle-ci est de grande qualité, témoignant de l’expérience et de l’immense maturité de son auteur. Le Nuge signe en effet toutes les compositions de cet album, mis à part « Hey Baby » composée par Derek St. Holmes, titre qui d’ailleurs ne dépareille pas avec l’excellence de l’ensemble.
Le disque s’ouvre sur ni plus ni moins que l’un des morceaux phare de la carrière de Nugent : l’hypnotique « Stranglehold ». Sur plus de 8 minutes, le guitariste et son band viennent en effet déployer leur hard-blues psychédélique, les quelques 5 minutes de solo que nous offre Ted étant le résultat d’une improvisation en une seule prise, un moment symbolisant à lui seul le meilleur de l’alliance entre sens mélodique, feeling et technique distillée à bon escient. Les saccades de batterie de son final pourront remémorer celles de « Child In Time » de Deep Purple, mais l’approche est toute différente et le génie tout personnel.
Si par sa taille et son intensité ce premier chapitre a droit à tous les honneurs, chacun de ceux qui suivent peut prétendre à autant de louanges : les immédiats mais jamais simplistes « Stromtroopin », « Hey Baby », « Just What The Doctor Ordered » ou « Snakeskin Cowboys » se hisseront sans problèmes au rang de hits et hymnes du groupe, tandis que les « Where Have You Been All My Life », « You Make Me Feel Right at Home », « Queen of the Forest » ou « Motor City Madhouse », l’hommage de Ted à Détroit, sa ville natale, font preuve d’une efficacité jamais prise en défaut. Ajoutez à cela que tous ces titres sont parcourus de soli toujours inspirés et de très grande qualité, vous obtiendrez à n’en pas douter un condensé de ce qu’était le rock et le hard-rock des 70’s !
Ted Nugent signe donc avec Ted Nugent (l’efficacité est dans la simplicité !) une première œuvre qui n’en est pas vraiment une, plutôt l’émancipation d’un guitariste génial, le produit d’une longue maturation qui ne laisse rien au hasard. Une œuvre indispensable pour les amateurs du genre, majeure pour tous les autres !