Les murs de votre salon affichent ostensiblement les pochettes de « Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band », de « Revolver » et d’ « Abbey Road » ? Vos bocs à bière arborent fièrement les faciès des frères Davies ? Alors vous allez adorer Derby car ils ont les mêmes à la maison. Ces chérubins sont en effet vraisemblablement tombés dans la marmite des Beatles et des Kinks quand ils portaient des couches-culottes.
Ces trois garçons anglais sortent en 2008 leur second album… Quoi ? Attendez un instant je vous prie, on me parle dans le casque… Oui Nelson que me dites-vous ? ’’you’re making a terrible mistake, Derby is an american group my dear’’... Ha bon ? Désolé lecteurs fidèles, en fait ces jeunes gens ne sont pas issus de la Perfide Albion mais bien du pays à la bannière étoilée, de Portland (Oregon) pour être précis. Colossale erreur certes, mais d’autres tomberont avec évidence dans le piège tant le son produit par ces garnements est typiquement british.
Ce second essai porte un titre un peu curieux : « Posters Fade ». En parcourant la presse (très) spécialisée (on ne recule devant aucune dépense chez MW) on nous explique qu’il a une signification. Il est là pour rappeler aux auditeurs que l’effervescence autour de la sortie d’un album peut se faner (‘‘fade’’) comme une affiche de concert placardée trop longtemps sur un mur au soleil, mais que la substance musicale continue de briller. Moi je dis qu’après ça, on peut jeter l’œuvre de Platon.
Il suffit d’écouter les premières mesures de l’ouverture de cet album pour être convaincu de l'inspiration musicale ; le titre dure à peine deux minutes, mais au bout du compte, vous avez déjà tout compris, vous savez où vous avez mis les pieds. Les ‘‘scarabées’’ de Liverpool sont à la fête sur « Don’t Fear the Bear » et « If Ever There’s a Reason » et leurs claps de mains, « Stump » avec sa mélodie sucrée sur guitare sèche (Simon and Garfunkel ne sont pas loin également) et « Hopes » qui pourrait être un titre des Beatles du 21ème siècle.
Si vous poussez un peu plus loin la découverte du produit, vous rencontrerez alors Electric Light Orchestra (époque « Discovery » et « Time ») avec « All of Nothing », « Posters Fade », « Streetlight » et « Michigan ». C’est de la Pop, voire de la Dance, disons que c’est de la Dance-Pop. Joie et fraîcheur sont au rendez-vous, les "ooh-wha-oh" (ou assimilés) qui parsèment les titres sont autant de bulles qui vous éclatent au visage.
Sur certains titres, le groupe s’éloigne un tantinet de ses influences 60’s/70’s ou ‘‘Eloïennes’’ pour explorer des territoires peuplés de sonorités plus récentes comme sur le réussi « As my Own » où les guitares sont plus présentes, ou sur l’entraînant « Stop Stalling » aux sonorités résolument d’actualité (Pop/Rock Indé).
Pour la petite histoire, l’ours apparaît souvent dans les textes des 14 chansons proposées sur cet album, il semblerait que se soit une métaphore sur le côté bourru des femmes…… Quoi ? Attendez un instant je vous prie, on me parle à nouveau dans le casque… Oui chérie que me dis-tu ? ‘‘les femmes étant parfaites, elles ne peuvent être bourrues, lâche ton clavier et occupe-toi de la vaisselle !’’…
Un ange passe (avec un Scotch Brit)…
Après cet intermède forcé, je vous propose de conclure en avançant que, même s'il serait malséant de critiquer les influences Beatles/Kinks (courbez-vous devant les légendes), il est inutile de cacher que les titres qui s’en inspirent développent une usante monotonie, une coupable linéarité et surtout un côté désuet dans sa connotation négativement démodée. De ce fait, cet album ne peut totalement convaincre. Toutefois et indéniablement, les morceaux qui nous rappellent ELO et ceux pour lesquels une approche plus moderne a été choisie réussissent à interpeler l’auditoire si tant est que celui-ci soit attiré par un tour d’horizon du Rock britannique de ces 40 dernières années.