UFO, 40 ans d’existence, et les voici bon pied bon œil pour nous offrir leur vingtième (20 !) album. Bon pied bon œil, sauf Pete Way, l’inénarrable bassiste qui n’a pu participer à l’enregistrement pour des raisons de santé. Nous lui souhaitons évidemment le plus prompt rétablissement. We miss you Pete ! C’est aussi la troisième production avec Vinnie Moore à la guitare, et sa participation à l’écriture est plus que conséquente. Vinnie a en fait écrit une vingtaine de compositions, qu’il a envoyées à Phil Mogg ; celui-ci a fait le tri, manifestement sur une base blues rock, puis ils les ont peaufinées et enregistrées. Les parties de basses ont finalement été réalisées par Peter Pichl, un allemand qui a officié dans le groupe de Heavy Metal Runing Wild, joué sur le dernier Herman Frank (d’Accept) et depuis peu, rejoint un des groupes progressifs favoris de la rédaction, Nektar. Bon, on ne va pas tenter la comparaison avec Pete Way, l’objectivité étant impossible. Disons simplement que le gars assure le minimum syndical avec un certain talent même si la production ne lui est pas favorable.
Blues... J’en ai vu quelques-uns, là-bas derrière, qui ont tiqué ; ils vont devoir s’y faire pourtant. La plupart des titres de la première moitié du CD en ont la saveur : « Saving Me », « On The Waterfront », ou « Rock Steady » et sa slide guitar. « Living Proof » va même plus loin avec un groove à la limite du funk. Vous êtes déjà partis, vous avez tort ! Prenez le temps d’assimiler ces influences (que l’on retrouvait déjà un peu sur l'album précédent) car elles sont imprégnées de la marque de l’OVNI ; voix chaleureuse, mélodies pleines de feeling, et soli de guitare classieux sur une rythmique sans faille. Le solo de « Saving Me » est typiquement ce que l’on attend du groupe... Et sur « Rock Ready », Phil Mogg joue avec sa voix avec une aisance insolente tandis que Vinnie s’en donne à cœur joie. Réjouissant.
Et puis attention, c’est sans doute l’album qui distille le plus de mélodies accrocheuses depuis longtemps. Le refrain de « Stop Breaking Down » semble tout droit sorti de « Misdemeanor », album sous-estimé de l’objet volant; et le reste du chant est à l’avenant, envoûtant. « Can’t Buy a Thrill » est tout aussi mémorable, nonobstant une petite faute de goût dans les effets de claviers « robotiques » . UFO à son meilleur, possède cette capacité de fournir une mélodie qui se poursuit tout au long du titre et non seulement sur le refrain. C’est le cas à nouveau sur ces deux morceaux, un vrai régal.
Après « Forsaken », ballade très réussie, mais plus proche du « Missing You » de John Waite que de « Processions of Violence », Paul Raymond nous sort son piano bar et son orgue Hammond pour illustrer un des meilleurs titres de l’album « Vilains and Thieves ». Impossible de ne pas pousser sur la touche replay, ou de garder la tête immobile, impossible ! Les sonorités d’orgue Hammond restent pour « Stranger in Town », mais le ton se durcit. Encore une fois une mélodie imparable, et aux deux tiers du titre, un solo de guitare nous replongerait presque dans les années Schenker. Ce Vinnie Moore a un talent incroyable, c’est un guitariste caméléon qui peut toucher à tous les registres.
Alors, que dire de cet album ? Qu’il n’est sans doute pas celui que la plupart des fans de la première heure attendaient, qu'il y a deux titres un peu faibles (« On The Waterfront », « Living Proof ») et qu’il est pourtant celui qui nous alimente des meilleures mélodies et des meilleurs plans de guitare depuis l’arrivée de Vinnie Moore. UFO se permet, depuis quarante ans, de ne pas se répéter, mais d'explorer doucement de nouveaux horizons sans se dénaturer. Passer à côté de cette galette pour des raisons sectaires serait dommage. A bon entendeur!