Il y avait eu 1969, l’année érotique. Il y eut 1986 : l’année Thrash ! Imaginez, la même année sortaient "Master Of Puppets" de Metallica, "Reign In Blood" de Slayer et ce "Peace Sells… But Who’s Buying" de Megadeth. Et si les deux premiers étaient déjà confortablement installés dans leurs fauteuils du Big Four of Thrash, en compagnie d’Anthrax, Dave Mustaine venait tout juste de franchir la porte. Ce qui saute alors aux oreilles, c’est la façon bien distincte dont ces trois œuvres ont apporté au genre ses lettres de noblesse : de manière plus heavy et mélodique chez Metallica, avec une sauvagerie sans limite et jamais égalée chez Slayer, en mettant l’accent sur la technicité et les structures chez Megadeth.
En seulement 35 minutes, Dave Mustaine fait exploser la totalité de son talent, effaçant toutes les approximations de son premier essai. Déjà, la production s'est nettement améliorée ce qui fait que "Peace Sells" sonne brillamment et bruyamment ! Les riffs s’enchaînent, les hurlements écorchés de Dave sont en parfaite adéquation avec le chaos maîtrisé, les breaks ouvrent souvent sur un déluge de soli laissant vos tympans exsangue…
Ce qui surprend le plus est la maîtrise dégagée par les structures des morceaux. Là où tout était brouillon et chaotique sur "Killing Is My Business", chaque développement aussi court soit-il fait ici partie d’un tout parfaitement pensé et exécuté. L’exemple le plus frappant vient sans doute du hit absolu de cet album : « Peace Sells ». Résolument plus posé et groovy sur sa première partie, le titre s’achemine lentement vers un crescendo alimenté par des soli à nouveau mémorables et un refrain repris sans jamais vouloir s’arrêter.
Cet album n’est pas seulement un grand album pour Megadeth, c’est une œuvre indispensable pour la postérité du Thrash. Ayant réussi l’alliance parfaite entre technique, rage et mélodie, il permet au groupe de prendre place au sommet de l’Olympe du genre pour ne pas en redescendre de sitôt. A posséder absolument...