Voici un illustre inconnu - à ne pas confondre avec son homonyme américain spécialisé dans les reprises de rock'n'roll et notamment d'Elvis Presley ! - qui a déjà une bonne petite carrière derrière lui. Premièrement avec le groupe Yo Yo Mundi et ensuite comme compositeur de musique de films, documentaires et autres, pour la télévision italienne entre autres. D'ailleurs il semble que cet album soit un recueil de pièces destinées à l'illustration sonore.
Luca Olivieri est un claviériste qui officie dans le tout instrumental, avec l'aide d'une belle brochette d'invités, certains issus de Yo Yo Mundi. "La quarta dimensione" mélange à la fois musique traditionnelle passéiste (valse, musique folklorique italienne ou venue d'ailleurs) et divers claviers. Olivieri peut rappeler à l'occasion certains compositeurs alliant la modernité et la tradition, empreints d'une sensibilité souvent mélancolique, comme René Aubry, voire Yann Tiersen.
Par rapport à eux, Olivieri aime à user de l'électronique, utilisant quelques bruitages d'ambiance et rythmes programmés, combinés aux nombreux instruments acoustiques et électriques plus traditionnels (accordéon diatonique, violoncelle, hautbois, flûte, harpe, guitare électrique, basse, piano électrique, etc.) qui figurent sur pas mal de morceaux, pour un résultat à la fois original et chaleureux. Ce sont souvent les titres offrant de tels mélanges qui sont les plus réussis. Les influences d'Olivieri sont variées, et vont du classique au jazz en passant, on l'a dit, par la musique traditionnelle italienne et certaines musiques de films de son pays natal.
"La quarta dimensione" n'a rien d'une bande originale pour film de science-fiction, mais ressemble pourtant à la musique d'un documentaire imaginaire en nous faisant voyager au gré d'atmosphères souvent paisibles, empreintes de nostalgie mais parfois plus énigmatiques… Certains titres comme le court mais bizarre et vaguement inquiétant "Fantasmi" sont plus électroniques. D'autres sortent carrément des sentiers battus, à l'image de "Un mundo segreto" avec quelques éléments venus semble-t-il d'Extrême-Orient et un son de synthé plus froid.
Assez rarement, les percussions et pulsations électroniques, qui restent souvent discrètes, prennent un peu trop d'importance ; une habitude plutôt courante ces dernières années, comme sur "L'attese" et cette caisse claire creuse que certains pourront trouver pénible, morceau qui propose pourtant une belle mélodie principale. Il s'agit heureusement d'exceptions et globalement, Luca Olivieri finit par devenir attachant, pour qui saura prêter une oreille attentive à cet album sans prétention mais assez inspiré sur le plan mélodique, un album dont il se dégage souvent un charme quelque peu suranné.