Chez Music Waves on aime le mélange des genres. Votre serviteur étant un des préposés aux musiques instrumentales, il peut se permettre d’entrevoir un spectre musical assez large allant du jazz rock au death progressif en passant par le rock plus classique et le métal progressif. Mais concernant tout un tas d’autres styles, il se trouve relativement démuni dans son vocabulaire et ses goûts. Mais qu’il est bon de se laisser porter par la musique même quand celle-ci vous est presque totalement étrangère. Avec Devils whorehouse, c’est un peu ce genre de vertige qui m’envahit. Il va de soi que cette chronique devra être prise pour ce qu’elle est, à savoir qu’il vous faudra encore plus d’initiative pour vous faire votre propre avis, en tout cas plus que si cette chronique avait été écrite par un spécialiste.
A la base formé par Morgan Steinmeyer Håkansson le guitariste du groupe suédois de black métal Marduk, le groupe a tout d’abord fait de son répertoire un immense tribute à deux groupes mythiques pour tous les amateurs de punk à tendance noire qu’étaient Misfits et Samhain. Ces deux formations ont été créées à l’époque par un certain Glenn Danzig, véritable icône de ce genre musical. Après un mini album et un Revelation Unorthodox sorti en 2003 voici la nouvelle offrande du « bordel démoniaque » : Blood and Ashes
La teneur cardinale de cet album est un son brut et sans fioriture avec une production appuyant ce côté « origine du son ». Les chansons sont courtes et directes avec un seul objectif, laisser le rock parler dans toute sa simplicité. L’imagerie mortuaire est très présente mais contrairement au gothique, elle est plutôt l’occasion d’un humour et d’un burlesque noir. Il faut donc prendre cet album pour ce qu’il est, à savoir un énorme moment de ressentir d’où le rock est né avec des réminiscences inévitables qui doivent animer chacun de nous, amateur de rock, qu’il soit progressif, « extrême » ou classique. C’est un peu comme l’amateur de guitaristes instrumentaux comme Steve Vai ou Joe Satriani qui, en écoutant Jimi Hendrix avec un son d’une autre époque et beaucoup moins de technicité, comprend d’où viennent ces fines lames de la guitare actuelle.
Alors bien sur, cette musique est déconcertante au premier abord et, pour ma part, ne tournera pas tous les jours dans ma platine. Mais comment ne pas laisser l’énergie nous envahir quand retentissent les riffs plombés de « Oceans Turn To Blood » et son refrain presque stoner ou le métal de Motorhead avec « Werewolf ». Un chaos proche du punk est aussi développé avec notamment la courte « Face The Master ».
La lourdeur du doom est présente avec une sorte d’hypnose qui donne le tournis (« Oceans Turn To Blood » ou le troublant « The Cult of Death »). Le chant de Valentin Maelstrom (Deadpulse) n’est pas celui que je préfère écouter dans mon casque mais il colle parfaitement au propos et c’est bien là l’essentiel. Il sait autant se faire hurlant que caverneux et intérieur (« Speak The Name of The Dead »).
Quel panard que ce disque qui s’écoute d’une traite comme s’avale une longue lampée de bière bien fraîche. A la croisée du punk, du stoner et du doom, cet album bouscule les progueux, comme n’importe quel rockeur, dans leurs habitudes. L’occasion m’a été offerte d’écouter un disque épuré que je n’aurais jamais abordé sinon. Sans aller jusqu’à dire que j’en ferais un classique de ma discothèque, il aurait été dommage de ne pas lui laisser sa chance, aveuglé par des préjugés qui simplifient l’existence.
A écouter de préférence en concert pour un moment authentique dans lequel les instincts enfouis peuvent enfin s’exprimer.