Triste et terne, "These Days" avait été une déception pour les amateurs de Bon Jovi. Cependant, il avait au moins eu le mérite de confirmer le fait que le groupe œuvrait désormais plus dans un rock US dynamique que dans l’AOR et le Hard FM qui avaient marqué ses débuts. Avec "Crush", Bon Jovi vient confirmer cette évolution, mais ils le font avec un enthousiasme et une bonne humeur communicative qui va les réconcilier avec leur public.
Pour cela, Bon Jovi n’hésite pas à utiliser certaines recettes ayant déjà fait leurs preuves sur certains de ses précédents opus. Ainsi, dès le tube 'It’s My Life' qui ouvre ce nouvel album, Richie ressort la talk-box, ce qui nous renvoie aux heures glorieuses du légendaire 'Livin’ On A Prayer', sans pour autant tomber dans l’autoplagiat. Ces références au passé du groupe se retrouvent également sur l’accélération finale d’un 'Next 100 Years' qui n’est pas sans rappeler 'Dry County' présent sur "Keep The Faith" ou bien sur 'Just Older', road-trip-song aux accents "New Jersey". Enfin, 'One Wild Night' propose un retour vers le premier album éponyme avec son refrain catchy et ses chœurs un brin retro.
Même s’ils œuvrent dans des territoires musicaux qui lui sont familiers, Bon Jovi reste un fabuleux compositeur de hits, à la fois immédiats et dynamiques, et capables d’intégrer de nouvelles influences pour faire évoluer sa musique. Sur "Crush", c’est la pop qui fait son apparition dans la recette de certains titres tels que 'Say It Isn’t So' au refrain Beatlesien, ou sur l’enjoué et entraînant 'Captain Crash & The Beauty Queen From Mars'. La country n’est pas loin non plus sur un 'Two Story Town' qui sent le paysage défilant à la fenêtre sur les routes traversant les grandes plaines.
Enfin, Bon Jovi ne serait pas Bon Jovi sans ses ballades. Sur "Crush", elles sont au nombre de trois de qualité variable. En effet si 'Thank You For Loving Me' touche au but avec son superbe refrain, 'Save The World' semble avoir été entendu déjà 1 000 fois, en particulier chez Aerosmith, alors que 'She’s A Mystery' s’écoule avec douceur sans révolutionner le genre. Nous pourrons rajouter 'You Can’t Lose At Love', présent comme bonus sur une édition spéciale proposée au lancement de l’album, et qui a du mal à décoller malgré quelques accents folks agréables.
Bon Jovi redresse donc la tête avec ce nouvel album, même si le nombre réduit de solo de Richie Sambora est un peu frustrant. Mais surtout, le groupe semble avoir retrouvé son énergie et sa bonne humeur. Bien sûr, ses détracteurs continueront à attaquer cette institution du rock US en parlant du peu d’originalité et de prise de risque de sa musique. Il n’empêche que ce groupe a créé son style et qu’il lui fait à nouveau honneur avec ce nouvel album.